De sa conception jusqu’à l’âge adulte, le chiot se construit pour devenir le futur chien qui vous accompagnera de nombreuses années.
Le temps du chiot est rapide : il sera adulte en 9 ou 10 mois pour les petites races comme le york ou en 2 ans pour les plus grandes comme le rottweiler. Ce laps de temps comprend les périodes de socialisation et d’adolescence pendant lesquelles les comportements vont se mettre en place puis évoluer selon de nombreux paramètres.
Mais le caractère du chiot commence à se former dès sa conception et le nouveau-né est loin d’être la page blanche que l’on pourrait imaginer.
Découvrons les étapes importantes du développement comportemental et social du chiot, ce à quoi vous pourrez vous attendre et quel est votre rôle en tant que propriétaire de ce jeune chien en devenir.
Les composantes physiologiques du développement ne seront pas traitées dans cet article.
Quelle espérance de vie pour mon chien et à quel âge mon chiot sera-t-il adulte ?
L’espérance de vie du chien varie selon les races.
Les plus grandes races vivent moins longtemps que les plus petites. Ainsi, le chiot chihuahua peut atteindre jusqu’à 15 ans tandis que le Dogue de Bordeaux vit rarement au-delà de 8 ans. Pour les chiens de race moyenne comme le Berger Australien, on peut tabler sur une espérance de vie de 13-14 ans.
On pourrait s’attendre à ce que les races à longue longévité atteignent l’âge adulte plus tardivement (après tout, elles ont le temps 😃) mais en réalité c’est l’inverse qui se produit : les grands chiens ont une maturité plus tardive que les petits.
Dans le choix d’un chiot, ce sont des informations à connaître :
– Votre petit chiot vivra plus longtemps et sera plus rapidement adulte
– Votre grand chiot aura une vie plus courte et n’atteindra la sagesse adulte que plus tard
Bien sûr, tout cela repose sur des moyennes et la réalité de chaque individu peut être différente.
Quel que soit le chien, son développement jusqu’au stade adulte se fait en trois étapes :
– Vers 6 mois, votre chiot atteint sa maturité sexuelle. Même s’il est encore trop tôt pour le faire se reproduire, il en est physiologiquement capable. Il entre alors en « adolescence », période souvent éprouvante dont nous parlerons plus bas
– Vers 1 an, le chien atteint sa maturité physique : il a sa taille adulte, ses traits perdent leur caractéristiques juvéniles, le poil devient moins souple
– Enfin vers 2 ans, tous les chiots ont atteint la maturité émotionnelle qui fait d’eux des chiens adultes.
Détaillons maintenant ces différentes étapes.
A la naissance, le chiot dispose déjà d’un bagage et de compétences
Ce petit chien mignon qui semble n’attendre que vous paraît être une feuille vierge sur laquelle vous allez écrire votre histoire commune.
Pourtant acheter un chiot ou l’adopter, c’est intégrer à sa vie un être qui a déjà un passé et des expériences.
Le chiot dispose dès sa naissance d’un bagage génétique et héréditaire invisible qui le dote de certaines prédispositions comportementales.
Ces prédispositions que l’on nomme des patrons-moteurs sont présentes dans chaque chien et leur nature dépend pour beaucoup des critères de sélection à l’origine de la race.
Par exemple, un Border Collie issu d’une lignée de travail présentera de façon instinctive des aptitudes à la prédation. La séquence de prédation sera amputée de la mise à mort et de l’ingestion mais malgré tout, ce chien aura une tendance naturelle à fixer, poursuivre et même « pincer » toute proie repérée par lui. Attention, la « proie » peut se révéler être une voiture, un joggeur, un enfant…
Les chiens croisés (mélange de 2 races différentes) ou bâtards (mélange de différentes races) ont des patrons-moteurs empruntés à leurs géniteurs mais souvent adoucis par la mixité des races.
A la naissance, le chiot porte en lui également les conséquences de l’état émotionnel de sa mère pendant la période de gestation. Un éleveur responsable fera en sorte que la future mère vive dans les meilleures conditions de confort physique et mental. En effet, le système nerveux des chiots se met en place lors de cette période et si la mère est stressée, les chiots ont de gros risques de l’être également.
De même, les caresses sur le ventre de la mère habituent le chiot aux manipulations et le rendent donc moins sensible aux futurs contacts.
Les élevages intensifs et autres usines à chiots sont à ce titre particulièrement odieux. Les besoins des mères et l’avenir des chiots n’y ont pas d’importance, seule la production quantitative compte…
Quant au chiot SPA ou de refuges, il convient de ne pas négliger la possibilité d’adopter en ayant conscience que leur passé est inconnu et que l’observation de leurs comportements doit être la plus fine possible.
Enfin, le nouveau-né présente immédiatement les compétences nécessaires à sa survie.
- La mobilité pour se déplacer jusqu’à sa mère
- Le fouissement pour trouver les mamelles de sa génitrice
- Le pétrissage pour faire venir le lait
- La succion pour s’alimenter
Donc, notre petit chien mignon est dès sa première minute de vie un être sensible pourvu de prédispositions physiques et comportementales héréditaires, d’un système nerveux plus ou moins équilibré et des compétences réflexes lui permettant de vivre.
Sur tout cela, vont venir s’empiler de nombreuses expériences, liées:
- à son milieu de naissance (présence ou non de la mère et d’une fratrie, travail de l’éleveur, qualité des stimuli de l’environnement…)
- à son futur lieu et mode de vie
- à l’éducation qu’il va recevoir
- aux rencontres qu’il va faire
- aux apprentissages de la vie quotidienne
- etc.
Les premières semaines de la vie du chiot
Adopter un chiot c’est accepter que ses deux premiers mois de vie se déroulent sur son lieu de naissance.
D’ailleurs, la loi française fixe à 8 semaines, l’âge minimum pour acquérir un chiot.
Durant ces deux premiers mois de vie, le jeune animal est donc (en principe) près de sa mère et de ses frères et sœurs.
Auprès de sa famille canine, il va se construire une identité « chien » et reconnaître ses pairs (mère et fratrie).
Il va aussi intégrer les principaux codes de communications lors de ses jeux et autres interactions avec sa famille. C’est notamment à ce moment qu’il va apprendre à inhiber sa morsure : au départ, le chiot va mordre de toutes ses forces. Mais les réactions de sa mère et de sa fratrie lui feront vite comprendre qu’il doit contrôler cette morsure.
Le rôle de l’éleveur est également primordial pour habituer le jeune chien aux manipulations, l’immerger dans différents environnements, lui faire approcher différents types d’humains et d’autres espèces. Certains éleveurs font un travail extraordinaire comme ce programme d’éveil et de socialisation le démontre.
Plus le chiot vivra d’expériences (sans saturation non plus), plus son seuil de tolérance à la nouveauté sera élevé et donc le chien équilibré.
Arrivée dans la famille humaine
Lorsqu’il arrive, le chiot a encore besoin de beaucoup apprendre. C’est donc sa nouvelle famille qui va prendre le relais de l’éleveur et de la mère.
Il faut avoir conscience d’une chose importante : vers 4 mois, tout ce que le bébé chien n’aura pas expérimenté sera par lui considéré comme dangereux et représentera une source de stress.
Bien sûr, personne ne peut TOUT faire connaître en si peu de temps. Mais plus les expériences positives se seront accumulées et plus notre chiot saura faire face à la nouveauté et gérer ce stress.
On comprend donc qu’une grande partie des comportements du futur chien adulte dépendra de la qualité de cette période.
C’est aussi à ce moment-là qu’il faudra mettre en place le cadre de vie dans lequel évoluera le chien. Les règles doivent être posées et ne pas varier. Les premiers apprentissages seront démarrés tôt : propreté, aptitude à la solitude…
Il faut impérativement procéder doucement, sans coercition et en tenant compte des capacités dues à l’âge de l’animal. C’est également à ce moment que se tisse le lien du chien et de ses propriétaires.
Si cette période de socialisation est bien menée, le chiot sera en principe équilibré. De ce fait, si plus tard il présente des problèmes de comportement, ces problèmes seront imputables à des expériences malheureuses. Mais les bases étant solides, la rééducation sera plus facile.
En revanche, si le chiot a été mal socialisé, il part dans la vie avec des déficits qui impacteront durablement ses futurs comportements et qui seront plus complexes à rattraper
Le chien adolescent
Vers 6 mois (variable selon les races et les individus), le chiot atteint sa maturité sexuelle et devient adolescent. D’un point de vue physique, l’animal change : la texture de son poil, la prise de masse musculaire, la perte des traits juvéniles, les sécrétions d’hormones… sont comparables aux jeunes humains qui quittent l’enfance.
Très souvent le comportement change également. Le chien adolescent entre dans une phase de détachement de sa famille humaine et a des désirs d’indépendance.
Parmi les principaux changements, on remarque souvent :
- La manifestation des prédispositions naturelles du chien concerné. Ainsi alors que vous vous réjouissiez que votre Border Collie n’ait pas l’instinct de prédation, le voici qui se met à courser tout ce qui bouge ! C’est que l’instinct attend souvent les 6-8 mois pour se manifester
- Une réactivité soudaine à certaines situations ou à des individus (congénères, humains, autres animaux). Le chien adolescent qui semblait d’humeur égale en toute circonstance peut se mettre à grogner en croisant un congénère ou ne plus supporter qu’un enfant s’approche de lui. Les causes peuvent être diverses et remonter aux conditions de gestation et de naissance ou être dues à une succession d’évènements désagréables vécues durant les 6 premiers mois de vie
- Le marquage pour communiquer avec les congénères et la tendance à s’arrêter à tous les endroits marqués par des congénères pour flairer et remarquer par-dessus
- Une tendance à la fugue chez les mâles. Leur excellent odorat leur permet de sentir une femelle en chaleur à des kilomètres
- Une certaine régression : notre chien adolescent semble avoir oublié ce qu’il a appris les mois précédents. Il prend peur même pour des choses qu’il connaît et peut manifester de l’hostilité à tout ce qui est étranger à son groupe de référence ; il peut alors développer des comportements de protection de ressources surtout si sa génétique le prédispose à ça.
Durant cette période sensible, il est nécessaire d’être vigilant car par son comportement dissipé, le chien peut se mettre en danger et subir des expériences traumatisantes.
Par exemple, les chiens adultes risquent de se montrer moins patients qu’ils ne l’étaient avec le chiot alors que le chien adolescent traverse une période où son nouveau gabarit et son impétuosité l’entraînent à être harceleur. Il peut se faire durement remettre en place à plusieurs reprises et développer une aversion pour ses semblables.
Les humains seront aussi moins tolérants face à un chien adolescent qui n’a plus les caractéristiques physiques attendrissantes du chiot. Leur changement d’attitude, même subtil, peut perturber le chien qui ne comprend pas ce qui se passe.
De surcroît, c’est généralement le moment où les humains tentent de revenir sur certaines choses qu’ils ont permis jusqu’alors comme monter sur le canapé, quémander à table…
Comment réagir ?
Si le chiot a été bien socialisé et que ses humains restent très investis, en principe le chien adolescent trouvera son équilibre une fois devenu adulte.
D’ici là, il faudra s’armer de patience et accepter ce passage comme étant une étape intermédiaire qu’il est nécessaire d’accompagner.
- Ne pas fermer les yeux en pensant que « ça lui passera », car ce ne sera pas le cas. Si votre jeune ami commence à courir derrière les joggeurs, il va y prendre du plaisir et chaque poursuite le renforcera. Si Snoopy grogne sur ses congénères et que ceux-ci reculent, il comprendra vite que cette attitude lui permettra de dégager le passage et donc la reproduira
- Alors que jusqu’à présent l’éducation du chien relevait surtout de la sensibilisation aux bonnes manières, elle doit prendre une tournure plus exigeante. Le stop, le rappel, une marche en laisse correcte doivent être particulièrement travaillés
- Aidez le chien adolescent à contrôler ses comportements grâce à des exercices de connexion avec vous, à la pratique des « autocontrôles », à savoir revenir au calme
- Mettez un cadre et, plus que jamais, soyez cohérent et constant
- Pourvoyez à ses besoins de dépenses physiques, mentales et sociales. Non, le jardin ne suffit pas à son bonheur !
- Soyez attentif aux rencontres avec les autres chiens. Ce n’est pas lui rendre service que de le laisser systématiquement entrer en contact avec les congénères qu’il croise. Surtout s’il est en laisse. Il vous faudra trier les copains !
Si vous vous sentez dépassé ou désemparé, n’hésitez pas à vous faire aider rapidement par un professionnel. En cas de problème de comportement avec un chien adolescent, il est important d’agir vite avant qu’il ne prenne des habitudes. En effet, plus un historique de comportement grandit et plus il devient compliqué de le modifier.
Ça y est, le cap est passé ? Votre chien est maintenant adulte ? Bravo ! Vous êtes partis ensemble pour de nombreuses années de complicité. Il faudra tout de même toujours continuer à travailler les points cités ci-dessus car, tout comme nous, le chien a toujours besoin d’apprendre et de réviser…
Et pour finir, voici une petite vidéo d’environ 2 minutes montrant l’évolution d’un chiot entre 2 et 33 mois grâce à une superposition de photos 😀