Choisir la race de son chien

Quand on souhaite accueillir un chien, le choix de la race doit être fait avec rigueur en se méfiant des effets de mode, des coups de cœurs ou des images projetées par nos fantasmes.

La sécurité et le bien-être de tous dépend de la pertinence du choix.

Les différentes races de chiens

Il existe près de 350 races de chiens auxquelles s’ajoutent croisés et bâtards.

Nous verrons plus loin comment la Fédération Cynologique Internationale (FCI) classe les différentes races reconnues. Mais au-delà de cette nomenclature, on peut regrouper les chiens par « métier » en fonction de ce qui a été travaillé chez eux dans un but utile à l’homme.

Les catégories par fonctions

Schématiquement, on peut les regrouper en 7 grandes catégories (non officielles) :

  • Chiens de chasse : terre, eau, air
  • Chiens de garde : troupeaux, propriétés…
  • Chiens de combat : chiens, ours, gros gibiers…
  • Chiens de pistage : recherches policières ou de disparus
  • Chiens d’intervention : police, gendarmerie, sécurité
  • Chiens d’assistance : aveugles, handicapés…
  • Chiens de compagnie

Tous ont été sélectionnés au cours de plusieurs centaines de générations pour accomplir une tâche précise.

Leur physique, leurs compétences, la couleur de leur robe… presque rien n’est le fruit du hasard.

Ces chiens sont maintenant programmés pour des fonctions auxquelles on les a destinés. Ils ont besoin d’utiliser leur mental et leur physique à l’accomplissement de ces tâches. S’ils n’en ont pas la possibilité, ils éprouvent un manque qui, d’une façon ou d’une autre, affecte leur comportement

Aujourd’hui, la grande majorité des chiens est destinée à compléter la cellule familiale. Les comportements pour lesquels ils ont été créés sont devenus au mieux inutiles, souvent indésirables. Dans son inconséquence, l’humain reproche au chien d’être ce qu’il en a fait

Le chien de garde n’a rien à protéger; le chien de chasse doit rester à la maison et se promener en laisse; le chien nordique de tractage n’a plus de mission…

Il y a de plus en plus de chiens réactifs, fugueurs, aboyeurs, qui font de la protection de ressources ou de l’anxiété de séparation…

Compte tenu de ce qui a été exposé ci-dessus, ces problèmes sont logiques : le chien compense sa frustration de ne pouvoir exprimer les comportements pour lesquels il a été « fabriqué ».

Les chiens à la mode ne sont souvent pas adaptés à une vie familiale tranquille

Ainsi, la beauté du border collie est trop souvent le critère de choix de ce chien. Pourtant, il s’agit avant tout d’un chien de travail qui a besoin de garder ou de rassembler des troupeaux. S’il en est frustré, il faut s’attendre à des comportements de poursuite sur des enfants, des vélos, des joggeurs ou des voitures.

Le malinois est recherché pour ses aptitudes à l’obéissance et la fidélité qu’il porte à son humain. On oublie trop souvent que sa sélection a visé à en faire un chien de protection et de recherche. Privé de missions dignes de ses capacités, il peut se transformer en animal instable et dangereux et les accidents impliquant des malinois sont assez fréquents.

Border collie - Malinois - Beagle
Border-collie, Malinois et Beagle

Le beagle, adorable toutou dont le visage semble rester éternellement enfantin appartient à une race de chiens courants dont les capacités à aboyer ont été très travaillées car utiles dans ce contexte de chasse. Empêché d’aboyer et souvent sévèrement repris sur ce sujet, il emmagasine une frustration énorme car un besoin vital pour lui ne peut être satisfait.

Des exemples de ce type sont nombreux et concernent à peu près toutes les races de chiens.

Bien sûr, il existe des moyens pour permettre au chien d’avoir une vie heureuse et équilibrée dans laquelle ses besoins physiques et mentaux sont respectés. Si on a un border et qu’il peut pratiquer régulièrement l’agility, le herding ou le treibball, il aura un exutoire satisfaisant. Un malinois à qui on fait faire du pistage ou de l’obéissance de compétition pourra également s’épanouir.

Mais dès le départ, il faut bien réfléchir au choix du chien. Cette réflexion indispensable est un axe fort de prévention de problèmes futurs.

Si on mène une vie calme et que l’on souhaite un compagnon pouvant être posé ou vif selon les moments, sociable, pouvant être de toutes les sorties et proche de nous, le mieux est d’aller voir dans les chiens du groupe 9 de la SCC ou regarder du côté des chiens croisés.

La classification officielle des races

La nomenclature FCI classe les chiens dans 10 groupes correspondants à des races précises + 1 groupe pour les chiens non reconnus ou en attente de reconnaissance.

Les critères de classifications sont  souvent opaques car l’inscription d’une race dans un standard ou un autre dépend de différents facteurs dont la fonction initiale attendue du chien et ses caractéristiques physiques. S’ajoutent d’autres éléments plus difficilement compréhensibles comme en témoigne l’extrême diversité des races de chiens du groupe 2

Groupe 1 : chiens de berger et Bouviers (hors Bouviers suisses)

Groupe 2 : chiens de type Pinscher et Schnauzer ; molossoïdes (sauf les molossoïdes de petite taille) ; Bouviers suisses

Groupe 3 : les chiens terriers

Groupe 4 : les Teckels

Groupe 5 : les chiens primitifs, les chiens nordiques et les Spitz

Groupe 6 : les chiens de chasse (chiens courants et chiens de recherche au sang)

Groupe 7 : les chiens d’arrêt

Groupe 8 : les chiens de rapport (rapport de gibier, leveurs, chiens d’eau)

Groupe 9 : les chiens d’agrément et apparentés

Groupe 10 : les Lévriers

Cette classification peut sembler discutable. Cependant, on constate que tous les chiens ont une fonction qui a été travaillée par l’homme au fil des sélections.

  • Les individus des groupes 3-4-6-7-8-10 sont des chasseurs
  • Les chiens de groupe 1 et 2 sont des gardiens, des combattants ou des conducteurs
  • Les individus du groupe 5 sont ceux qui ont subi le moins de transformation écologique et dont les caractéristiques sont les plus proches de celles du loup

Tous ces animaux portent en eux des caractéristiques fortes inscrites dans leurs gènes.

Trop souvent, on tente de faire croire aux candidats à l’achat qu’il leur suffira de socialiser leur chiot et de lui apporter l’éducation nécessaire pour gommer ces spécificités qui ne sont que des tendances mais qui pourront s’exprimer à tout moment.

Il est illusoire de penser qu’une socialisation de quelques semaines suivie d’un programme éducatif de quelques mois viendra effacer définitivement ce que des générations de sélection ont ancré comme solides prédispositions.

À moins d’être en réelle capacité d’apporter à l’animal les exutoires dont il a besoin pour exprimer ses compétences, il est plus raisonnable de se tourner vers des chiens qui ont été conçus pour s’ajuster à la vie de famille.

Seuls les chiens du groupe 9 sont considérés comme étant « d’agrément ». Ces chiens sont donc sélectionnés pour leur beauté mais aussi pour leur douceur et sociabilité. Ils sont les mieux adaptés pour à vivre en foyer humain.

Les chiens de famille

Les races de chiens du groupe 9

25 races de chiens cohabitent dans le groupe 9

Elles sont réparties en 11 sections plus ou moins homogènes dont les origines sont diverses.

Certaines races ont un passé fonctionnel comme par exemple le Bouledogue français, croisement du bull dog (combattant) et du ratier (chasseur). Au fil du temps, ces races ont perdu leurs fonctions utilitaires et les éleveurs ont privilégié les côtés esthétique et sociable du standard.

D’autres ont été créés pour le plaisir des élites royales et impériales comme le Cavalier King Charles Spaniel ou le Shih-Tzu

Les chiens de ce groupe sont donc sélectionnés pour intégrer les foyers humains et participer à la vie de famille.

Bouledogue français - Cavalier King Charles et Kromfohrlander
Bouledogue français, Cavalier King Charles Spaniel et Kromfohrlander

Le chien parfait n’existe pas. L’éducation du chien de compagnie n’est donc pas à négliger. Aboiements, peurs, protection de ressources ou anxiété de séparation sont parfois le tribut payé à leur proximité avec l’humain.  

Mais une bonne socialisation, l’écoute de leurs signaux et le respect de leurs besoins sont généralement suffisants pour assurer une cohabitation harmonieuse au sein de la famille.

Malheureusement, parmi les races les plus populaires auprès des français, le premier chien du groupe 9 (le Cavalier King Charles) ne se trouve qu’à la 8ème place, derrière des races certes très sympathiques mais souvent plus problématiques pour un simple rôle de compagnon.

Les chiens croisés et les bâtards

Est un chien croisé, l’individu issu de 2 races différentes.

Ce mélange de deux patrimoines génétiques a pour effet de diluer les spécificités parfois excessives des races initiales.

Imaginons un chien croisé Border collie et Bouvier bernois. La fougue et le caractère prédateur du Border peut être tempéré par la placidité du Bouvier.

Bien sûr, il y a toujours une incertitude. On ne peut prédire les caractéristiques qui l’emporteront de telle ou telle race et il se peut que notre Border-Bouvier cumule la tendance à la méfiance qui est inhérente à ces deux types de chiens et se montre réactif envers tout ce qui lui est étranger…

Est bâtard ou corniaud, le chien issu de diverses origines

Un mot également sur ceux que l’on nomme les corniauds ou bâtards et qui sont des chiens issus de différentes origines souvent difficiles à identifier. Qui peut prédire les tendances comportementales d’un chiot qui serait le fruit de notre Border-Bouvier accouplé avec une Jack-Cocker ?

On le voit, le choix du chien qui nous accompagnera durant de nombreuses années doit être mûrement documenté et réfléchi.

Chaque race a ses caractéristiques, ses prédispositions comportementales. À cela s’ajoutera l’environnement dans lequel il va évoluer et qui viendra renforcer ou atténuer ces traits de caractère.

Mieux vaut renoncer à l’image idéale du chien que l’on aimerait avoir et accueillir un animal plus conforme à ce que l’on peut lui offrir. Nul doute que l’affection et la relation humain-chien est gagnante quand chacun vit sereinement et en confiance auprès de l’autre.


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