Comment apprendre le rappel à son chien

Education canine

Ah, le rappel…

Dans ma pratique, tous mes clients me disent que leur chien a un bon rappel sauf quand…

  • Il joue avec des congénères
  • Il est parti sur une piste odorante
  • Il se baigne
  • Il a trouvé une chose bien puante pour se rouler dedans
  • Etc.

À tous, je réponds que leur chien n’a donc pas un BON rappel.

Le bon rappel est celui auquel le chien obéit systématiquement. Quelle que soit son activité du moment, quelle que soit son envie.

Un bon rappel est pourtant indispensable

Travailler pour obtenir un rappel parfait est comme porter un casque à vélo : c’est contraignant mais ça peut sauver la vie !

Un chien qui revient systématiquement lorsqu’on l’appelle permet d’assurer un maximum de sécurité

  • Pour le chien lui-même
  • Pour les autres : automobilistes, cyclistes, joggeurs, enfants…

Quand la réponse du chien au rappel est aléatoire, il est quasiment sûr qu’il ne fonctionnera pas le jour où le danger sera présent.

Si votre compagnon est parti comme un dératé derrière un lapin et que vous comprenez qu’il s’apprête à traverser la nationale, vous aurez beau le rappeler, il ne reviendra pas…

Savoir que votre loulou répondra présent en toute circonstance donne une tranquillité d’esprit sans pareille. À vous les grandes balades en pleine nature avec un chien sans attache ! Vous pouvez même lui offrir le luxe de disparaître de votre vue sans inquiétude.

De son côté, le chien pourra s’adonner à ses activités préférées : suivre une piste, courser un oiseau qui s’envole, galoper dans les allées, creuser les fourrés…

Un danger se profile, hop voilà Snoopy à vos côtés, revenu dès le 1er rappel.

Le rêve non ?

Pourquoi est-ce difficile d’avoir un bon rappel ?

Beaucoup d’articles présentent l’apprentissage du rappel comme une technique à mettre en place en quelques étapes sans insister sur les pièges auxquels les propriétaires de chiens vont être confrontés.

Pourtant, ne nous mentons pas : il s’agit de l’une des compétences les plus dures à acquérir pour le chien car revenir au rappel suppose de renoncer à des choses extrêmement motivantes et intéressantes.

Comme tout être vivant, le chien est un opportuniste : entre 2 actions, il choisira celle qui lui apporte le plus de plaisir ou qui lui coûtera le moins d’efforts.

Par exemple :

  • Vous êtes à la maison avec Snoopy dans son panier. Vous l’appelez, il vient. Pourquoi ? Parce qu’il n’a rien de particulièrement excitant à faire. Venir vous voir lui offre une distraction et laisse augurer un petit gâteau ou une séance de jeu
  • Vous êtes de retour après une très longue balade où le chien s’est beaucoup dépensé, a travaillé et été bien récompensé. Il est fatigué, saute sur le canapé décidé à se reposer. Vous l’appelez, il ne vient pas. Pourquoi ? Parce qu’il a plus envie de dormir que de se déplacer. Il a eu son compte d’interactions et de dépenses.

Donc, votre chien ne répondra à votre rappel que s’il y trouve un intérêt plus puissant que ce qu’il est en train de faire. En d’autre terme, il anticipe la conséquence de son obéissance.

Cette conséquence doit donc être plus intéressante que ce qu’on lui demande de lâcher.

Et c’est là que le bât blesse…

En effet, Snoopy vous connaît par cœur. Il vit avec vous, il est entouré de vos soins et de votre affection ; il sait qu’il peut compter sur vous. Désolée de vous dire cela, mais vous faites partie des meubles !

En revanche, une partie de jeu avec ses congénères ou un plongeon dans le lac sont des activités moins quotidiennes et toujours différentes. Elles répondent aussi aux besoins intrinsèques du chien que nos activités humaines ne couvrent qu’imparfaitement.

C’est pourquoi si toutou est lancé dans une superbe course-poursuite avec un congénère et que vous le rappelez, il a le choix entre lâcher une occupation excitante et relativement rare ou revenir vers vous et obtenir une petite friandise. Hum… Que croyez-vous qu’il choisira ?

Vous l’aurez compris, la difficulté du rappel est liée à la concurrence qui existe entre vous et l’environnement immédiat de votre animal.

Petit mémo pour avoir un (vrai) bon rappel :

Il faut donc parvenir à devenir plus motivant que l’environnement immédiat du chien

Le prérequis est donc de très bien connaître son animal : ses goûts, la hiérarchie de ses préférences, ses besoins spécifiques (et les besoins canins en général)

Par exemple, pour un chien qui adore jouer dans l’eau plus que tout : si vous tentez un rappel à ce moment-là alors que dans des circonstances plus faciles, il ne revient pas systématiquement, vous courez tous les deux à l’échec. Le rappel auprès de l’eau sera donc la dernière chose à travailler

Une question fréquente est « combien de temps pour apprendre le rappel à un chien » ?

Soyez conscient(e) que le travail de rappel est très long et doit se faire tous les jours. Attendez-vous à des progressions mais aussi à des découragements.

Donnez-vous des objectifs intermédiaires (ex : un rappel parfait à la maison alors que le chien est occupé à ronger un os / un rappel parfait alors qu’il joue dans le jardin / etc.)

Plus votre chien est âgé, plus le travail sera long. En effet, il va falloir déconstruire un rappel aléatoire pour en bâtir un solide et 100% efficace.

La bonne nouvelle est qu’avec de la patience, une progression adaptée et un travail journalier, les résultats seront toujours au rendez-vous.

Protocole de base pour l’apprentissage du rappel

  • Ne prononcez pas le nom de votre chien à tout propos. Son nom doit toujours annoncer quelque chose d’intéressant pour lui (nourriture, jeu, promenade…)
  • Si votre chien revient de façon aléatoire (ou pas du tout), choisissez un nouveau mot de rappel. Vous en aurez donc 2 :
    • Le mot actuel que vous emploierez quand vous n’êtes pas certain(e) du résultat
    • Le nouveau mot qui est celui sur lequel vous allez bâtir un historique de succès. Vous ne l’utiliserez que quand vous êtes sûr à 100% du retour de votre chien
  • Faites attention à la valeur de vos récompenses : pour les exercices de rappel utilisez les friandises dont le chien raffole par-dessus-tout. Cela peut aussi être sa balle favorite, un départ en balade, etc.
  • Soyez enthousiaste. Si en revenant vers vous votre compagnon se rend compte qu’il vous fait un plaisir monstre, il n’en sera que plus motivé : penchez-vous, ouvrez les bras, dites ouiiii !!!, bref, manifestez votre joie (et ignorez les regards moqueurs autour de vous)
  • Commencez le travail de rappel à la maison : plusieurs endroits de la même pièce ; d’une pièce à l’autre ; d’un étage à l’autre…
    • D’abord en mettant le chien en « position de travail » (il sait qu’on va lui demander quelque chose)
    • Puis à des moments où il ne s’y attend pas
  • Refaites la même procédure dans le jardin : commencez avec une longe puis détachez le chien
  • Puis, entraînez-vous autour de chez vous, dans des lieux que le chien connaît bien et où les distractions ne sont pas trop fortes (toujours en longe sauf si vous êtes dans un endroit parfaitement clos et que vous avez tout votre temps)
  • Continuez ainsi en augmentant les difficultés très progressivement
  • En cas de 2 échecs successifs, revenez en arrière même de plusieurs étapes
  • Ne montrez pas la récompense (friandise, balle…) pour faire venir le chien. La récompense est la conséquence de son retour. Elle ne doit pas en être la cause
  • Tant que le rappel n’est pas acquis, gardez le chien en longe ou acceptez d’attendre qu’il revienne de lui-même. Vous pouvez aussi faire mine de partir dans l’autre sens.
  • N’appelez qu’une seule fois. Si vous répétez la commande, le chien apprend qu’il peut ne revenir qu’après x rappels c’est à dire…quand il veut
  • Ne mettez pas le chien en échec : s’il vient d’entamer une belle partie de jeu, votre rappel sera inefficace et le chien pourrait même prendre cet ordre en aversion. Si vous ne pouvez pas vous attarder, ne le laissez pas commencer sa partie. Sinon, donnez-lui le temps de se fatiguer et de se lasser avant de la rappeler
  • Ne réprimandez pas le chien qui revient même s’il a mis du temps
  • Ne le remettez pas systématiquement en laisse. Donnez-lui une récompense, amorcez un jeu… puis libérez-le

Les 9 erreurs les plus courantes en matière de rappel

Un certain nombre d’erreurs sont fréquemment commises et expliquent pourquoi les chiens ont rarement un parfait rappel.

  • Appeler plusieurs fois : si vous donnez 4 fois l’ordre « viens » avant que Snoopy daigne obéir, vous lui apprenez que revenir est une option…
  • Rattacher le chien dès qu’il revient : votre loulou va vite associer rappel et fin de liberté. Pas très motivant
  • Le gronder s’il traîne : ok il a mis 20 minutes, mais il est revenu ! S’il se fait réprimander pour avoir tardé, il se pressera encore moins la prochaine fois
  • Ne pas lui offrir de renforçateur adéquat : si votre compagnon a fait l’effort de quitter un fourré bourré de bonnes odeurs et que vous le récompensez par une misérable croquette, il ne gagne pas au change et saura s’en souvenir
  • L’appeler trop souvent : bien sûr, un apprentissage nécessite de nombreuses répétitions. Mais attention à ne pas lasser l’animal par des rappels répétés tout au long de sa promenade. Laissez-le aussi vivre sa vie de chien et profiter de sa balade
  • Lui montrer la récompense en l’appelant : si vous utilisez la récompense pour le faire revenir, le jour où vous ne l’aurez pas en main, le chien ne viendra pas
  • Laisser le chien ignorer le rappel : même si vous faites un rappel « à vide » pour entraîner votre animal, il doit y obéir. Si ce n’est pas le cas, allez le chercher ou restez sur place et attendez qu’il revienne sans prononcer le mot à nouveau. D’où l’intérêt de TOUJOURS garder Loulou en longe tant que le rappel n’est pas complètement acquis !
  • Arrêter trop tôt le renforcement (récompenses) : ce n’est pas parce que Snoopy est bien revenu les 3 derniers jours qu’il faut se penser débarrassé de l’obligation de récompenser. Sa motivation retombera aussitôt. Les récompenses peuvent devenir aléatoires puis disparaître une fois que l’obéissance au rappel est devenue un automatisme chez le chien en toute circonstance
  • Aller trop vite dans l’apprentissage : les étapes doivent être franchies très progressivement et au rythme du chien. Inutile de travailler dans le jardin si le rappel n’est pas toujours parfait dans la maison. Inutile de travailler dans le parc si l’étape du jardin n’est pas impeccable quelques soient les circonstances.

On le voit, inculquer un parfait rappel à son chien est un travail de fond qui nécessite rigueur et patience. Le résultat en vaut cependant la peine. Pour un tel apprentissage, je conseille vraiment de se faire accompagner par un professionnel canin car même l’article le plus documenté ne peut en aborder toutes les subtilités et ne pourra de toute façon pas être adapté entièrement aux particularités de votre propre chien, individu unique.

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