Eduquer son chien : point de vue sur 3 méthodes

Vous avez un chien ou envisagez d’en accueillir un.
Vous vous interrogez sur sa psychologie, son mode de communication ;
Vous voulez lui fixer un cadre solide mais bienveillant ;
Vous voulez qu’il modifie son comportement ;
Vous êtes inquiet(e) face à son évolution ;
Etc.

Cet article a pour but de vous éclairer sur les possibilités d’éducation qui s’offrent à vous ainsi que sur les avantages et les inconvénients que comportent les différentes solutions.
La première méthode consiste à éduquer son chien soi-même avec l’aide éventuelle d’articles, livres ou tutoriels.
La deuxième solution est de faire appel à un professionnel qui aura les compétences et les outils pour vous accompagner. Vous aurez alors le choix entre les trois méthodes qui aujourd’hui sont les plus utilisées.

Quelques soient les motifs de vos questionnements, différentes méthodes existent pour éduquer son chien. Nous allons voir ci-dessous les plus courantes.

Se débrouiller tout seul

Vous pouvez faire le choix d’y aller au « feeling » et faire confiance à vos intuitions ou aux compétences éducatives que vous possédez déjà.

Mais êtes-vous sûr(e) de la pertinence de vos connaissances ?
Sont-elles adaptables à votre chien, avec ses propres caractéristiques ?
Votre méthode est-elle fiable dans le temps et respectueuse du chien à tout moment ?

Vous pouvez également faire des recherches internet sur « comment éduquer son chien ». Vous trouverez de nombreux blogs, articles et tutos qui vous donneront des idées, des solutions, des méthodes…
Cependant, même si certains conseils dispensés sur la toile peuvent se révéler intéressants, ils sont noyés dans une masse de recommandations parfois très fantaisistes ou même nocives si appliquées sans discernement. Mais surtout, ces avis seront toujours très généraux et pas forcément adapté à VOTRE chien qui, lui, est unique.
Eduquer son chien avec telle ou telle technique pourra convenir à Boubou, sera parfaitement inefficace sur Loulou et traumatisera Patou !

Je vous conseille également une très grande prudence : éduquer son chien est bien différent de le rééduquer s’il a pris de mauvaises habitudes ou que son évolution vous pose des problèmes. Une rééducation non professionnelle est souvent inefficace et peut même être dangereuse.

Le seul avantage des méthodes évoquées ci-dessus est que vous n’aurez rien à dépenser pour faire ou améliorer l’éducation de votre compagnon. Mais le temps passé et les échecs éventuels avec leur cortège d’émotions négatives risquent de finalement vous amener à vous faire accompagner. Que de temps et d’énergie perdus alors…

Faire appel à un professionnel canin pour éduquer son chien

Une autre solution est de faire appel à un spécialiste canin qui connaît la psychologie du chien et saura s’adapter à votre animal en tant qu’individu unique.

Un professionnel compétent recensera toutes les informations nécessaires concernant votre chien (son passé, ses difficultés, ses habitudes, son tempérament…) mais aussi celles relatives à votre mode de vie et la relation que vous entretenez avec votre animal.

De ce fait, il saura vous proposer des solutions parfaitement personnalisées et durablement efficaces.

Dès lors, nous sommes loin des conseils généraux que vous pouvez trouver sur internet ou par l’intermédiaire de personnes qui « ont toujours eu des chiens et qui savent comment ça fonctionne » !

Au-delà de la mise en place des éducatifs de base ou d’une procédure de rééducation, le professionnel peut également vous suivre au fil du temps. Il sera votre référent pour les questions relatives à l’éducation et aux comportements de votre chien. Sa connaissance de votre environnement, du passé et du caractère unique de votre chien lui permettra de vous guider et de vous prodiguer les conseils les plus adaptés à votre situation personnelle et à ses évolutions.

Au même titre qu’il est bon de connaître un artisan compétent en cas d’imprévu,  Il est rassurant d’avoir dans son carnet d’adresse, un spécialiste canin qui vous connaît et à qui vous faites confiance. Ainsi, en cas de problème ou de simple questionnement, vous ne serez pas pris au dépourvu et en cas d’urgence, vous aurez une ressource vers laquelle vous pourrez immédiatement vous tourner.

Choisir la méthode d’éducation qui vous convient

Le professionnel choisit doit vous convenir : les compétences et méthodes de chacun sont différentes.

Un choix non adapté peut entraîner de lourdes conséquences sur les comportements et le bien-être de votre chien mais également sur votre propre bien-être : selon la relation que vous souhaitez entretenir avec votre chien, vous pouvez par exemple, être heurté(e) par les méthodes d’un éducateur dit « traditionnel ».

Il m’arrive de rencontrer des personnes qui en sont à leur 2ème ou 3ème éducateur sans parvenir à être satisfaites. Se tromper sur ses attentes lorsque l’on décide d’éduquer son chien est source de découragement, de temps perdu et d’efforts financiers inutiles. Et pour un propriétaire de chien qui va continuer sa quête, combien vont laisser tomber en pensant que les éducateurs sont incompétents ou que leur chien est une cause perdue ?

Les conséquences sont souvent dramatiques pour le chien qui se voit parfois délaissé, qui attire sur lui la colère de ses humains ou qui n’a plus accès à des activités indispensables à son équilibre comme les vraies promenades par exemple. Sans compter le nombre d’abandons qui pourraient être évités…

Pour le propriétaire, la situation est aussi très difficile car c’est triste et frustrant de ne pas pouvoir nouer avec son chien la relation que l’on s’était imaginé.

Renoncer à une prise en charge parce que l’on s’est trompé de méthode, c’est courir le risque de cette incompréhension mutuelle et de souffrance humaine et animale. C’est également risquer de provoquer chez son chien de nouveaux comportements indésirables ou d’intensifier ceux existants. Enfin, c’est la voie vers la maltraitance active (cris, enfermement, coups…) ou passive (négligence, indifférence…).

Donc, avant de vous mettre en quête ou d’appeler le premier numéro trouvé, prenez un peu de temps pour réfléchir à ce que vous souhaitez et aussi à ce que vous ne voulez pas.

Globalement, 3 méthodes coexistent en matière d’approche canine :

La méthode « traditionnelle« 

La méthode traditionnelle (coercitive) a longtemps été la seule façon employée pour apprendre à un chien à produire les comportements désirés.

Cette méthode découle des théories fondées sur la dominance : il faut dominer son chien pour éviter que ce soit lui qui domine son propriétaire. Autrement dit, les partisans de l’éducation traditionnelle envisagent la relation chien-humain sous l’angle du rapport de forces.

éduquer son chien

De ce fait, les pratiques utilisées dans ce type de dressage sont basées sur la coercition : le chien est puni plus ou moins durement lorsqu’il ne produit pas le comportement attendu.

Une enquête de One Voice en caméra cachée a permis de dévoiler les méthodes de certains clubs canins. Attention, les images sont choquantes mais témoignent bien de la violence de ces pratiques qui malheureusement restent encore trop souvent en vigueur.

Sans aller jusqu’aux extrêmes filmés par One Voice, de trop nombreux « éducateurs » ont des pratiques fondées sur l’intimidation, les colliers étrangleurs ou électriques, les boîtes à clous etc.

De nombreuses études éthologiques ont maintenant prouvé qu’éduquer son chien en se fondant sur cette théorie de la dominance est absurde et nocive. Le chien et l’humain appartenant à deux espèces différentes, il ne saurait y avoir de rapports hiérarchiques entre eux.

De plus, on sait que l’éducation fondée sur la contrainte ou la violence est source de dégâts physiques et psychologiques importants chez le chien.

Ces conséquences ne sont pas forcément visibles immédiatement et peuvent apparaitre bien après les séances éducatives. Si une plaie se voit, l’installation de la peur est plus subtile…

Enfin, il n’est pas rare que le chien fasse des associations malheureuses qui vont l’amener à produire des comportements déplaisants et même dangereux.

Par exemple, un chien qui va se faire physiquement corriger en club canin,  peut associer la présence d’autres chiens à la douleur ressentie et devenir ainsi réactif à la présence de congénères.

Cependant, cette méthode reste encore utilisée par certains professionnels car elle fonctionne et donne de rapides résultats.

Ce que j’en pense 

Oui, la méthode fonctionne rapidement et c’est normal : si je vous envoie une décharge électrique à chaque fois que vous parlez, il ne faudra pas 3 séances pour que vous vous taisiez en ma présence ! Si à chaque fois que le chien tire sur sa laisse, un collier étrangleur à pointes se resserre sur son cou, il marchera très vite au pied !

Il s’agit donc d’une solution de facilité dans laquelle on ne cherche jamais à comprendre le chien ni à savoir pourquoi il a tel ou tel comportement. Il obéit ou est puni. Point.

Attention, cela ne veut pas dire que les adeptes de ces méthodes n’aiment pas leurs chiens ou sont indifférents. Ils sont souvent de bonne foi et s’appuient sur des théories qui ont si longtemps tenu le haut du pavé qu’elles restent encore tenaces. Et comme nous l’avons vu, ces pratiques sont rapidement efficaces, ce qui est souvent le but recherché.

Il n’en demeure pas moins qu’en utilisant ces méthodes, on empêche le chien d’être un chien et d’en exprimer les comportements naturels. L’animal n’est pas respecté dans son intégrité ; il est un objet que l’on doit plier à sa volonté.

Les résultats obtenus le sont par la peur et la souffrance. Les conséquences directes et indirectes sont importantes à connaître :

  • L’humain n’est plus le repère auquel le chien fait confiance
  • La relation du propriétaire avec son chien est dégradée, elle est fondée sur la peur
  • Le chien n’apprend rien de constructif. Juste à éviter la souffrance
  •  Des maladies liées au stress apparaissent fréquemment
  • Eduquer son chien de cette façon est comme fabriquer une bombe à retardement : risque d’explosion quand le seuil de tolérance sera atteint !
  • A l’inverse, le chien peut entrer dans une dépression profonde, lui faisant perdre tout goût aux interactions avec ses humains.

De plus, si les résultats obtenus sont rapides, ils ne sont pas durables dans le temps.
Les propriétaires de chiens n’aiment pas voir leur animal en souffrance, ils cesseront donc d’exercer ces contraintes dès lors que leur compagnon présentera le comportement souhaité:
– Dans le pire des cas, la colère et les frustrations accumulées peuvent ressortir violemment, rendant le chien dangereux.
– Mais la plupart du temps, le chien, ne craignant plus de représailles, reviendra tranquillement à ses anciens comportements qui le satisfont davantage.

Comment savoir si un dresseur de chiens utilise cette méthode ?

Ses propos : il va vous dire que le chien doit vous obéir car vous êtes le chef de meute. Il vous dira également que si vous ne dominez pas votre chien, c’est lui qui vous dominera.

Ses outils : je parle volontairement d’outils et non de matériel. On pourrait même parler d’armes. Si vous apercevez un collier étrangleur, à pointes ou électrique, vous savez à qui vous avez à faire. Même si le discours se veut rassurant du type : on ne lui fait pas mal, on ne crée qu’un inconfort…

Allez voir une séance d’éducation collective sans y participer : si vous entendez le dresseur crier, conseiller de donner des à-coups sur la laisse, plaquer un chien au sol… Fuyez !

La méthode mixte

Les détracteurs de ces méthodes se faisant de mieux en mieux entendre, la mouvance des « tradi-bonbons » est apparue dans les dernières années. Entendez par là qu’il s’agit toujours des pratiques d’éducation traditionnelles mais « adoucies » par des récompenses lorsque le chien adopte le comportement demandé.

Eduquer son chien en tradi-bonbons peut par exemple conduire à mettre une claque sur le museau du chien qui aboie puis le féliciter quand il se tait.

Ne vous y laissez pas prendre ! Là encore il s’agit de méthodes coercitives et là encore, le chien n’obéit que pour faire cesser ou éviter la souffrance.

Dans cette mouvance, on trouve également les professionnels qui vont vous interdire de rassurer votre chien quand il a peur, vont forcer l’animal à s’immerger dans des situations aversives pour lui ou encore vous conseiller de faire mater Snoopy par un chien plus costaud que lui. Comme il n’y a pas d’interventions physiques de l’humain sur l’animal, l’éducateur se dira bienveillant. Non, il est maltraitant. Et ce n’est pas la petite caresse de félicitation qui changera les choses.

La méthode positive

Les éducateurs modernes privilégient l’éducation positive qui est une méthode respectueuse du chien et de son équilibre mental.

Alors que dans la méthode traditionnelle on punit les mauvais comportements, en éducation positive, on récompense les bons comportements.

La différence est énorme pour le chien !

D’abord, on lui laisse toujours le choix d’apporter ou non la bonne réponse. Si je demande à mon chien de se coucher et qu’il obtempère, il sera récompensé. S’il choisit de ne pas obéir, il n’obtiendra rien, c’est tout.

Bien entendu cela suppose que le chien comprenne la demande qui lui est faite et donc qu’on lui apprenne ce qu’il est supposé faire.

Cela oblige aussi le propriétaire à bien observer son animal afin de connaître ce qui le motive. En effet, le chien choisira le bon comportement s’il anticipe la satisfaction que lui apportera sa réponse.

Imaginons que vous voulez apprendre à votre chien à garder une position statique. S’il vient de manger et qu’il a envie de dormir, vous ne le tiendrez pas en haleine avec une croquette ! En revanche, si vous faites l’exercice avant son repas, il y a de fortes chances pour qu’il soit très attentif à vous.

Critiques et réponses :

Cette méthode d’éducation fait l’objet de certaines critiques dont les plus courantes sont :

  • Mon chien doit faire ce que je lui demande parce qu’il doit comprendre que c’est moi qui commande
    • C’est la critique émise par les supporters de l’éducation traditionnelle qui repose sur les concepts dépassés et erronés de dominance entre humains et chiens.
  • Mon chien doit être motivé par l’idée de me faire plaisir
    • Vous travaillez pour rien vous ? Même si vous faites du bénévolat, vous en retirez un plaisir propre comme celui d’avoir une utilité sociale ou d’occuper votre temps libre avec une activité enrichissante
  • Je suis condamné(e) à distribuer friandises ou félicitations en permanence
    • Non, car à mesure que votre chien progresse dans son apprentissage, les récompenses s’espacent jusqu’à devenir parfaitement aléatoires. Quant au fait d’accorder un sourire ou un « c’est bien » à chaque succès, comptez le nombre de fois où vous dites « merci » dans une journée…

Il faut veiller à ne pas confondre la méthode d’éducation positive avec celle des « tradi-bonbons » dont il a été question plus haut ou avec une pratique qui consisterait à distribuer des récompenses à tort et à travers, même si la réponse du chien ne correspond pas parfaitement à ce que l’on attend.

Ce que j’en pense 

Vous l’aurez sans doute compris : je suis particulièrement convaincue par cette méthode.

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Elle peut prendre plus de temps que la méthode traditionnelle mais les résultats sont plus satisfaisants et mieux ancrés chez le chien

  • L’animal apprend véritablement à se comporter de la bonne façon. Lorsque la pratique consiste à punir, la seule chose que le chien apprend c’est comment éviter la punition
  • Les séances de travail sont plaisantes tant pour le chien que pour le propriétaire
  • Le chien fait confiance à son humain et le lien se consolide de jour en jour
  • L’humain est obligé d’observer, de s’adapter. Ce n’est donc pas la solution de facilité. Mais de ce fait, la connaissance de son animal s’améliore et ses interactions avec lui se basent sur une meilleure communication
  • Les résultats obtenus sont durables et ne vont pas varier en fonction de la personne qui est au bout de la laisse.

Vous connaissez maintenant les principales approches éducatives qui sont pratiquées pour éduquer son chien, leurs avantages et inconvénients respectifs.

Dans les deux cas, il s’agit d’apprendre au chien les comportements qui sont attendus de lui.

  • Par l’adaptation rapide du chien à l’homme en éducation traditionnelle, quitte à employer des moyens désagréables et à fonder la relation sur la crainte et la défiance ;
  • Par l’adaptation de l’humain à son chien en éducation positive, ce qui prend plus de temps et nécessite davantage d’efforts mais permet une relation de qualité, basée sur la confiance et le respect.

Pour conclure, notons que dans un avis d’experts publié par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) en octobre 2020, il est précisé en page 11 que « Les techniques d’éducation sont également un facteur modulant la probabilité d’agression : l’utilisation du renforcement négatif et des punitions durant l’éducation du chien augmente les risques d’agression, contrairement à l’utilisation du renforcement positif »

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