Nous sommes à peu près tous d’accord pour trouver notre chien intelligent.
Mais qu’entendons-nous par-là ?
Est-ce parce qu’il comprend vite ce que nous lui demandons ?
Est-ce parce qu’il arrive à se faire comprendre par ses mimiques, ses postures ou ses vocalises ?
Est-ce parce qu’il est passé maître dans l’art de nous deviner ?
Tout cela à la fois bien sûr…
Mais l’intelligence du chien est beaucoup plus complexe et remarquable que ce que nous en percevons.
Tentons de définir l’intelligence
On peut avancer que l’intelligence est un concept qui englobe différentes capacités cognitives permettant à un être d’acquérir, comprendre, traiter et appliquer des connaissances.
Cette définition permet d’inclure dans l’idée d’intelligence des éléments tels que la capacité de résoudre des problèmes, d’apprendre de nouvelles informations, de s’adapter à des situations changeantes, de raisonner de manière abstraite, et de comprendre des concepts complexes.
Mais l’intelligence ne se limite pas uniquement à la résolution de problèmes académiques. Elle englobe également des aspects sociaux, émotionnels et pratiques, qui montrent la diversité des capacités mentales des individus.
Alors, dans quelle mesure pouvons-nous parler de l’intelligence du chien ?
L’intelligence du chien à travers ses capacités
Les chiens ont de remarquables capacités d’apprentissage et d’adaptation. Il est doué de facultés cognitives impressionnantes pour qui sait les observer.
Mais quelles sont les principales compétences du chien qui peuvent le faire prétendre au statut d’être doué d’intelligence ?
La compétence d’association : depuis PAVLOV, on sait que les chiens peuvent associer des stimuli et leurs conséquences. Ce chercheur a appris à des chiens à associer le son d’une cloche au moment du repas, anticipant ainsi l’arrivée de la nourriture. Ce sont les premiers travaux qui ont mené à développer les techniques de conditionnement aujourd’hui très utilisées en éducation canine.
La mémoire associative du chien lui permet également de se souvenir d’événements passés et d’associer des expériences à des émotions spécifiques. Son comportement en sera modifié en conséquence.
Par exemple, si un chien a eu peur dans un environnement dans lequel il y avait d’autres chiens et qu’il a associé la présence de ces congénères à l’objet de sa frayeur, il pourra développer une peur des autres chiens.
La faculté d’imitation : à force d’évoluer à nos côtés, les chiens ont appris à imiter les actions humaines.
Ainsi, de nombreux chiens penchent la tête sur le côté en nous regardant lorsqu’ils désirent quelque chose. Cette mimique est typiquement une imitation de nos comportements humains et elle est très efficace : on craque !
Ils s’imitent également entre eux, ce mimétisme étant d’ailleurs parfois la source de nombreux problèmes de comportement.
Par exemple, si vous avez un chien aboyeur et que vous accueillez un 2ème compagnon canin, il y a des risques très importants pour que le 2ème chien prenne également l’habitude d’aboyer.
La capacité de discrimination : Les chiens peuvent discriminer différents stimuli sensoriels, tels que des odeurs, des sons et des visuels. Grâce à ces capacités, ils peuvent être formés pour détecter des odeurs spécifiques (drogues, maladies, truffes…), prévoir des évènements (chiens d’assistance aux épileptiques) ou reconnaître des objets.
Donnez une vieille pantoufle à votre animal tout en lui interdisant de prendre les chaussons que vous utilisez. Même si les 2 chaussures se ressemblent, il fera très bien la distinction entre celle qui est à lui et la vôtre.
L’aptitude à l’attention et à la concentration : le chien a une très bonne capacité de concentration. Il suffit d’observer un braque à l’affût ou un border collie face au troupeau pour s’en convaincre.
Cette capacité lui permet d’apprendre rapidement et d’adapter ses comportements en fonction de ses apprentissages.
C’est ainsi qu’il retiendra et comprendra le sens des mots qu’on lui adresse couramment ; il sera capable d’enchaîner une suite de gestes en activité sportive et en fonction des vêtements que vous enfilez, il saura s’il est de sortie ou s’il reste à la maison !
Le revers de la médaille est que votre animal sera aussi capable de détecter vos failles puisque son principal sujet d’attention, c’est vous !
La prédisposition à l’empathie : l’empathie est une intelligence émotionnelle. Les chiens en sont-ils capables ?
Nous avons souvent le sentiment que notre chien reconnaît quand nous sommes tristes ou malades. Il a alors tendance à venir se blottir contre nous ou à nous regarder intensément, comme pour chercher à comprendre ce qui se passe.
Lorsque nous sommes joyeux, notre compagnon se montre détendu, souvent plus dynamique qu’à l’ordinaire.
Les propriétaires de chiens réactifs le savent bien : plus ils sont stressés à l’idée de croiser ce qui déclenche leur animal, plus le chien réagit vivement quand la situation se produit.
Dans le même ordre d’idée, une étude de 2015 étude a montré que les chiens se rapprochent plus volontiers des humains aidants avec leurs maîtres que de ceux qui leur semblent indifférents.
L’empathie étant la capacité à éprouver les émotions d’autrui, il semble que le chien possède cette capacité tant envers les humains qu’envers ses congénères ou même d’autres espèces
Enfin, internet et les réseaux sociaux pullulent de vidéos de chiens sensibles aux émotions d’autrui et manifestant de la compassion à l’égard d’individus en difficulté. Récemment un post sur Instagram montrait un chien de vétérinaire qui va spontanément voir ses congénères immobilisés en box et adopte un comportement apaisant, se couchant près d’eux ou les léchant gentiment
Toutes ces facultés montrent l’étendue de l’intelligence du chien. D’ailleurs, on pourrait parler d’intelligences au pluriel plutôt que d’intelligence.
Mais y-a-t-il des races plus intelligentes que d’autres ?
C’est une question qui est fréquemment posée et sur internet on trouve beaucoup de classements du type « Top 10 des races de chiens les plus intelligentes ».
Désolée de le dire ainsi, mais cette approche est très simpliste.
On a vu ci-dessus que l’intelligence du chien est multiforme et multidimensionnelle.
Un chien pourra avoir du mal à obéir mais avoir une belle capacité à décoder les signaux de son environnement et à s’y adapter. Ce chien-là saura faire face à diverses situations et y répondre de façon adéquate.
A l’inverse, un autre pourra être très réceptif aux ordres mais se sentir perdu dans des contextes nouveaux pour lui et réagir mal à propos.
Prenons l’exemple du malinois. Ce chien est généralement qualifié de très intelligent. En effet, il a une forte capacité de travail, est attentif à ce que lui demandent ses maîtres et se montre d’une obéissance à toute épreuve s’il est éduqué convenablement.
Pour autant, en tant que chien sélectionné pour le travail, il a besoin qu’on lui dise quoi faire. Un malinois laissé à lui-même prendra des initiatives qui peuvent être catastrophiques. Les refuges et les vétérinaires connaissent bien ces chiens intelligents qui pourtant se retrouvent abandonnés ou euthanasiés parce que les maîtres n’ont pas compris le type d’intelligence de leur animal
Les chiens de berger ont une intelligence quasi innée pour apprendre le travail de troupeautage. Là encore la sélection dont ils ont fait l’objet depuis plusieurs centaines de générations les a rendus particulièrement prédisposés à produire les comportements attendus par le berger. Ces comportements nécessitent une certaine autonomie (le chien n’attend pas l’ordre du berger pour courir rattraper une brebis qui s’éloigne). Donc, à l’inverse du malinois, ces chiens doivent être éduqués en les laissant prendre des initiatives car ils en ont besoin
Donc la race du chien peut déterminer une certaine nature mais non un niveau d’intelligence. Dans les exemples ci-dessus, nous avons 2 chiens intelligents mais dont l’intelligence fonctionne différemment !
Il faut également être conscient que quelque soit la race, c’est avant tout l’individu qui, par son tempérament et ses expériences, développe ou non certaines facultés et compétences.
Peut-on développer l’intelligence de son chien ?
Tout individu développe son intelligence au cours de sa vie et le chien ne fait pas exception.
Plus l’animal aura l’occasion de vivre des expériences variées, de faire fonctionner ses capacités cognitives, d’être en contact social avec différentes espèces et plus il développera ses facultés d’apprentissage, d’adaptation et de mémorisation. De ce fait, il augmentera son intelligence.
L’intelligence étant multimodale, ses différents aspects interagissent mutuellement.
Ainsi le chien qui est éduqué pour une bonne adaptation à la société humaine va être en mesure de développer ses intelligences
- De compréhension et d’obéissance aux ordres (plus le chien est entraîné, plus il sera apte et rapide à comprendre)
- D’adaptation aux divers bruits et environnements (ville, transports, parcs…)
- De concentration
- De résolution de problème (quoi faire dans quelle situation)
- Etc.
L’intelligence du chien vs l’intelligence humaine
Pour autant, peut-on comparer l’intelligence du chien à l’intelligence humaine ?
L’intelligence du chien et celle de l’humain sont deux formes d’intelligence distinctes en raison de leurs différences biologiques, cognitives et évolutionnaires.
Comparons 4 concepts d’intelligence du point de vue canin et humain.
Les capacités cognitives :
Chien : Les chiens ont des capacités cognitives impressionnantes, mais ils sont généralement orientés vers la résolution de problèmes liés à leur environnement, à la communication avec d’autres chiens et humains, et à la satisfaction de leurs besoins de base. Ils peuvent apprendre des commandes, reconnaître des visages familiers et démontrer des formes de mémoire.
Humain : Les humains ont une gamme beaucoup plus large de capacités cognitives. Cela comprend la résolution de problèmes complexes, la planification à long terme, la pensée abstraite, la créativité et l’utilisation de langage pour communiquer des idées complexes et nuancées.
La capacité d’apprentissage :
Chien : Les chiens sont capables d’apprendre des comportements par association, répétition et renforcement positif ou négatif. Leur apprentissage est souvent basé sur des schémas et des routines.
Humain : Les humains ont une capacité d’apprentissage exceptionnelle, avec la capacité d’acquérir des connaissances complexes, de résoudre des problèmes variés, et d’appliquer des concepts appris dans de nouvelles situations.
Les capacités de communication :
Chien : Les chiens utilisent principalement la communication non verbale, y comprenant des signaux corporels, des expressions faciales, et des vocalisations limitées, pour transmettre des informations. Ils peuvent apprendre des commandes vocales simples et comprendre certains mots.
Humain : Les humains ont développé un langage complexe qui leur permet de communiquer une vaste gamme de concepts abstraits. Le langage humain est hautement structuré, permettant la transmission d’informations complexes, l’expression d’émotions et la communication de concepts abstraits et de nuances.
La capacité de raisonnement et de résolution de problèmes :
Chien : Les chiens sont capables de résoudre des problèmes simples, souvent liés à la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, à la recherche de nourriture, ou à l’interaction sociale.
Humain : Les humains ont une capacité à résoudre des problèmes complexes et abstraits, à envisager différentes solutions, et à planifier des actions à long terme.
On le voit, bien que les chiens fassent preuve d’une grande intelligence et soient capables d’apprendre, de communiquer, et de résoudre des problèmes dans leur propre domaine, l’intelligence humaine est plus étendue et complexe, permettant aux humains de développer des technologies avancées, et de comprendre des concepts très abstraits.
Le chien d’aujourd’hui étant complètement dépendant des humains, on peut dire que ces deux formes d’intelligence sont adaptées aux besoins spécifiques de leurs espèces respectives.
Pour conclure sur l’intelligence du chien
l’intelligence du chien va bien au-delà de l’obéissance et de la simple exécution de tours.
Sa capacité à comprendre, apprendre, communiquer et exprimer des émotions en font un être plus complexe qu’il n’y paraît à première vue.
En appréciant et respectant l’intelligence unique de nos amis canins, nous renforçons les liens spéciaux qui nous unissent à eux.
Cette conscience doit également permettre de combattre pour éliminer toute forme de violence éducative qui existe encore trop souvent à l’égard des chiens.