Même si nous aimerions pouvoir emmener notre compagnon canin partout avec nous, ce n’est malheureusement pas possible pour la majorité d’entre nous et souvent nous devons laisser notre chien seul plusieurs heures par jour.
Remarque préalable importante : Nous ne parlons pas ici du chien qui souffre d’anxiété de séparation.
Nous évoquons ici le chien qui peut être laissé seul un certain temps sans entrer dans un état d’anxiété intense et disproportionné à la situation.
Constat et questions
Dans nos modes de vie actuels, nous passons souvent de nombreuses heures à l’extérieur. Pour le travail le plus fréquemment mais aussi pour nos différentes activités sociales, culturelles, sportives.
Pendant ces temps-là, notre chien est seul à la maison. Il nous attend.
Et nous culpabilisons.
Pour autant, nous n’avons pas forcément le temps, une fois rentré, de lui consacrer beaucoup de temps. La vie familiale, les soucis, la météo peu favorable, la fatigue… Beaucoup de facteurs se conjuguent pour faire tout autre chose que passer du temps avec notre animal, le sortir longuement ou jouer suffisamment avec lui.
Et nous culpabilisons encore.
Au final, nous nous demandons si notre chien est vraiment heureux avec nous, si nous répondons à ses besoins, si nous sommes de bons propriétaires et si nous méritons notre chien.
Ces questions se posent encore davantage lorsque nous constatons qu’en notre absence, Snoopy nous a repeint les murs ou creusé des tunnels dans les fauteuils. Ou encore que nous trouvons dans la boîte à lettres un petit mot de voisins excédés par les aboiements…
Pourtant, le chien peut très bien vivre de (relativement) longs moments de solitude à condition qu’ils soient bien encadrés et que les limites du chien ne soient pas dépassées.
Alors que penser du fait de laisser son chien seul ? Combien de temps peut-il le supporter ? Que ressent-il ? Comment faire face à ses éventuelles bêtises ? Comment être sûr(e) de satisfaire ses besoins ?
On vous dit tout dans cet article !
Le temps de la solitude
Combien de temps peut-on laisser son chien seul ?
le chien seul a-t-il la notion du temps qui passe ?
C’est une question fréquemment posée mais pour laquelle les chercheurs n’ont actuellement pas de réponse parfaite.
Cependant, il est maintenant admis que le chien dispose d’une mémoire interne qui lui fait reconnaître les différents moments de la journée : rituels, odeurs, luminosité, bruits… beaucoup d’éléments convergent pour lui donner une idée assez précise de l’instant présent.
Ce qui est certain, c’est qu’il ne connaît pas le système horaire. Aucun toutou ne se dira « comment ! il est 19h et ils ne sont pas encore rentrés ! »
Il n’en demeure pas moins que même si le chien ne sait pas que ça fait 6h qu’il est tout seul, son corps ressent le besoin de bouger, sa vessie se remplit (s’il est à l’intérieur), son besoin de contact se fait de plus en plus impérieux.
De ce fait, je pars du principe que même si le chien n’objective pas le temps qui passe, il le ressent.
A la question « combien de temps peut-on laisser son chien seul ? », il n’y a malheureusement pas de réponse universelle.
Certains chiens s’accommoderont avec 7 à 8h de solitude alors que d’autres se sentiront mal beaucoup plus tôt.
Dans tous les cas, au-delà d’un certain nombre d’heures, le chien seul va ressentir de l’inconfort car le chien est un animal sociable qui a besoin de contacts.
Le temps supportable va dépendre de l’individu lui-même bien sûr mais aussi de ses expériences passées et du mode d’apprentissage de la solitude ainsi que de la richesse de son environnement.
Une chose est certaine : pour donner toutes ses chances au chien de bien vivre ses moments de solitude, il faut que par ailleurs, ses besoins essentiels soient comblés.
Pour cela il ne suffit pas que votre animal dispose d’un toit, de nourriture et d’eau, du confort physique et de séances de câlins.
Il est également indispensable qu’il puisse satisfaire son besoin d’activités.
Que ressent le chien seul plusieurs heures ?
Nous ne sommes pas à la place du chien seul et ne pouvons connaître avec certitude son état d’esprit entre notre départ et notre retour.
Cependant, le chien étant ouvert aux mêmes types d’émotions que l’humain, on peut sans trop de risques de se tromper, recenser un certain nombre de sensations ressenties :
Le moment du départ peut être source de stress pour le chien qui va alors s’agiter, peut-être aboyer ou chercher son humain dans tout l’espace à sa disposition. En général, ce comportement se calme assez rapidement.
Si l’absence n’est pas trop longue, il peut y trouver du plaisir. Par analogie avec l’humain, on peut adorer sa famille et être néanmoins très content quand, de temps en temps, on a la maison pour nous tout seul avec la possibilité de faire ce qu’on aime sans être dérangé !
Surtout si vous lui laissez quelque chose de particulièrement attrayante auquel il n’a habituellement pas accès.
Le chien seul peut aussi se laisser aller à une espèce de léthargie pas forcément inconfortable. Cela ressemble à ce que nous ressentons quand nous nous laissons aller à la rêverie pendant un long moment… Bien souvent, il finira par s’endormir.
Une fois les ressources épuisées et après avoir dormi un bon moment, il est possible que Snoopy commence à ressentir de l’ennui.
Avec l’ennui, peut venir également la frustration, l’envie de se dépenser physiquement.
C’est souvent à ce moment-là que le chien commence à s’impatienter et que sa solitude devient pesante. Le risque de comportements indésirables apparaît.
A quoi s’occupe le chien seul ?
La très grande majorité des propriétaires partent en laissant à leur chien de quoi « s’occuper » notamment des jouets, de la nourriture, des friandises à mâchonner.
Mais soyons réaliste. Quand nous sommes à la maison, est-ce-que notre animal s’occupe tout seul à ses jouets 6 ou 7h d’affilée ? Sans chercher notre contact ? Sans quémander un peu d’attention ? Sans demander à sortir ?
Le chien a besoin d’interactions avec des humains puisqu’il vit parmi nous. Il a besoin que l’on s’occupe de lui, d’avoir des échanges. Et enfin, il a besoin de faire fonctionner ses sens, notamment son odorat.
Donc, il ne peut pas se contenter de jouets ou de sabots de veau à ronger toute une journée dans un endroit qu’il connaît par cœur sans rien de nouveau à découvrir et sans aucun contact.
S’il passe sa journée dans le jardin, l’environnement est un peu plus stimulant car il y a sans cesse de nouveaux bruits et de nouvelles odeurs amenées par le vent. Cependant, son monde accessible ne change pas et la journée peut devenir très frustrante. Imaginez qu’il voit passer plein de chiens devant le portail sans jamais pouvoir les approcher…
Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il ne faut rien laisser au chien lorsque l’on quitte le domicile 😊. Simplement, il est bon d’avoir conscience que ce ne sera pas suffisant pour l’occuper une journée entière.
Donc, une fois qu’il a épuisé les ressources que vous lui avez laissée, à quoi s’occupe votre chien seul à la maison ou dans le jardin ?
Probablement que tout au long de la journée il va beaucoup dormir. Surtout s’il est à l’intérieur de la maison.
Mais quand l’ennui va le gagner, il est susceptible de s’occuper à sa façon !
Quand le chien seul se met à faire des « bêtises »…
Les principales sources de désagréments rapportées par les propriétaires concernent :
- Les aboiements
- Les dégâts
- La malpropreté
Les aboiements
Les aboiements sont un mode privilégié d’expression du chien qui s’ennuie. Il appelle pour que l’on vienne s’occuper de lui. Ce faisant, il s’auto-renforce car ce comportement l’apaise.
Du coup, il se met à aboyer plus fort et plus fréquemment.
Tout devient prétexte à vocalises : le moindre bruit, le moindre passage…
Il y a des chances que vous soyez prévenu par le voisinage ou que vous vous rendiez compte que même en votre présence, votre chien aboie de plus en plus…
Les destructions ou les dégâts matériels
Imaginez la scène suivante : toute la famille a quitté le foyer à 8h30 pour partir à ses occupations scolaires et professionnelles.
Snoopy a dormi un peu. Puis il a joué avec sa balle. Il a encore dormi. Il a déambulé dans l’appartement à la recherche des petits biscuits que vous avez l’habitude de lui cacher pour le distraire. De nouveau un petit somme. Il est 15h. Toujours personne. Que faire… Hum, la poubelle sent bon, allons voir de ce côté ! Ouah, que de trésors là-dedans ! Et c’est parti pour 30’ de jeu à tout éparpiller. Allez, hop, un petit tour sur le canapé. Ses pattes le démangent, il a envie de courir un peu. Bon, on va se rabattre sur les coussins et creuser, creuser, creuser…
La malpropreté
le chien a appris à se retenir et à faire ses besoins lorsqu’il est dehors. Très bien. D’ailleurs la nuit il est tout à fait capable de s’abstenir pendant 8 à 9 h consécutives. Alors pourquoi oublie-t-il ses bonnes manières lorsqu’il est seul dans la journée ?
Il ne faut pas oublier que la nuit, votre chien dort. Tout son métabolisme (comme le nôtre) tourne au ralenti et certaines hormones sont sécrétées en période nocturne permettant une meilleure capacité à la rétention d’urines. Dans la journée, ces hormones ne se manifestent pas et le besoin de se soulager est plus fréquent. Donc plus l’absence est longue, plus le risque est important.
Par ailleurs votre animal peut subir des émotions fortes lors de vos absences. S’il craint les orages et que cela arrive alors que vous n’êtes pas là, il peut tout simplement uriner de peur.
L’ennui est-il le seul responsable de ces comportement ?
Si lorsque vous rentrez, vous constatez que votre animal a commis des dégâts ou que vos voisins vous disent qu’il a aboyé toute la journée, il est important de comprendre pourquoi ces comportements se sont produits.
En fonction de la cause, la solution sera différente.
Très souvent, ces manifestations sont liées à une durée d’absence trop longue. Il s’agit souvent de chiens laissés seuls trop longtemps et qui manquent de contacts et d’activités journaliers suffisants. Pour mieux comprendre, le paragraphe sur les besoins d’activité du chien développe ce point fondamental.
Le chien peut aussi n’avoir jamais été habitué à la solitude. Si par exemple, vous accueillez un chiot à la maison et que du jour au lendemain, vous le laissez seul plusieurs heures, il y a des risques qu’il soit malheureux et déclenche une intolérance à la solitude.
S’il s’agit d’un chien adulte qui rejoint votre foyer le problème peut être identique s’il n’a pas connu la solitude dans sa vie précédente et qu’il n’y a pas eu de vraie période de transition.
Après le confinement, de nombreux chiens qui supportaient très bien les absences de leurs propriétaires auparavant, se sont mis à déclencher des comportements de détresse une fois le retour au travail à l’extérieur effectué.
Si lors d’un moment de solitude, le chien a été exposé à une peur quelconque que vous ignorez peut-être (orage, accident bruyant, quelqu’un à la porte…), il peut associer le fait d’être seul à cette peur et devenir intolérant à la solitude
Encore une fois, nous n’évoquons pas ici le chien qui souffre d’une réelle anxiété de séparation ou détresse d’isolement et pour qui la solitude entraîne un état de stress tel qu’il en perd tout contrôle.
Cependant, une exposition à une émotion négative forte subie par le chien seul peut entraîner le développement d’une anxiété de séparation.
Que faire quand le chien seul commet des bêtises ?
D’abord, gardez bien en tête que cette notion de « bêtises » est complètement humaine et n’a pas de sens pour votre chien.
Pour lui qui vit dans le moment présent, les comportements qu’il produit à un moment correspondent à ses besoins à cet instant précis.
Il n’y met aucune malice et ne cherche pas à se venger de votre absence.
Donc, surtout, ne le grondez pas, ne le punissez pas lorsque vous revenez. Même si vous êtes furieux(se) ce qui se comprend 😉. Vous ne feriez qu’aggraver la situation car votre retour deviendrait un signal d’anxiété pour lui.
Sachez aussi que même s’il n’est pas agréable d’avoir un chien qui manifeste son inconfort d’être seul, les traces qu’il laisse sont autant de signes de cet inconfort et vous permet d’être alerté et de chercher des solutions.
En effet, le chien seul pourrait très bien se sentir mal sans que rien ne puisse vous alerter à votre retour. Cela est pire car le chien va s’enfoncer dans ce mal ce qui peut aboutir à des troubles de comportements graves ou à de la dépression.
Prévention et rééducation
Comme toujours, la prévention est la meilleure des manières de ne pas confronter son chien à ce problème.
A l’arrivée du chien, il faut avoir quelques jours devant soi pour prendre le temps d’une bonne intégration de l’animal et pour qu’il se sente parfaitement à l’aise dans son nouveau foyer avant de retourner au travail.
Bien que vous soyez là, ne laissez pas votre chien vous suivre systématiquement partout. Apprenez-lui à rester dans une pièce hors de votre présence. Faites-le progressivement, et au début, quittez puis revenez rapidement dans la pièce où il est.
Pendant cette période de transition, vous vous absenterez régulièrement. Très brièvement au début puis pour des laps de temps de plus en plus longs.
Une bonne idée est de filmer ce qui se passe durant vos absences. Ainsi, vous pouvez observer votre animal à distance (ne lui parlez pas) et voir au bout de combien de temps il donne des signes d’inconfort.
Ne forcez pas la durée et rentrez quand vous constatez ces signes. Mieux vaut prendre le temps de procéder très progressivement. Vous bâtissez le bien-être de votre chien pour de nombreuses années à venir, il est important de s’en souvenir !
Bien sûr, l’idéal est de pouvoir procéder de la sorte quand il s’agit d’un chiot. Mais il arrive fréquemment que le problème se pose avec un chien adulte qui vient d’arriver ou dont le comportement se modifie.
Il est aussi possible d’agir mais le chemin sera plus long et dans ce cas, il est conseillé de faire appel à un professionnel canin. En effet, les difficultés de gestion de la solitude sont une source de grandes difficultés tant pour le bien-être des chiens que pour celui des propriétaires.
Accueillir un 2ème animal : une bonne idée ?
Face à l’ennui que ressent leur chien, de nombreux propriétaires s’interrogent sur l’idée d’accueillir un autre animal pour lui tenir compagnie.
La question est logique. Nous partons du principe que nous nous ennuyons moins à deux que tout seul.
Ainsi, Snoopy pourra jouer avec un congénère ou un gentil minou… Le temps sera plus agréable pour lui.
Oui, mais…
Les interactions entre animaux sont différentes de celles entre humains. Vous deux loulous ne vont pas tranquillement discuter pendant des heures autour d’une tasse de thé !
S’ils s’entendent bien, ils pourront certes jouer. Courses poursuites dans le salon, saut d’obstacles, jeux de déchirures de coussins, concours de vocalises… La vie pourra se parer de belles couleurs pour eux ! Peut-être moins pour vous…
S’ils s’ennuient (n’oublions pas que le contact avec les humains reste un besoin essentiel du chien domestique), ils s’ennuieront à deux… Multiplication des bêtises assurée 😱 !
Pire encore, si un des animaux a peur, il peut communiquer son stress à l’autre et le remède serait encore pire que le mal.
Enfin, il faut que de votre côté vous adaptiez votre mode de vie et votre organisation à la présence de deux animaux, ce qui n’est pas toujours facile.
Donc, cette idée n’est pas à écarter systématiquement mais elle doit être murement réfléchie et, si possible, testée.
Comment aider votre chien à gérer sa solitude ?
Une fois l’habituation à la solitude réalisée, voici quelques petits conseils pour gérer au mieux ces moments de vide.
Enrichir son environnement
Laisser au chien quelque chose qu’il adore et qu’il n’a qu’en votre absence : Si à votre départ, vous prenez la précaution de donner quelque chose que votre chien aime beaucoup et auquel il n’a pas droit lorsque vous êtes là, il est probable qu’il sera plus détendu en vous voyant partir. Ce peut être un jouet, une gâterie un peu longue à mâcher ou un Kong congelé, l’accès à une pièce normalement interdite, etc.
Les jouets laissés à disposition devraient être régulièrement changés pour garder l’attrait de la nouveauté. Il ne s’agit pas d’en acheter toujours plus mais de faire une rotation parmi ceux qui sont laissés à disposition. Changez-les le matin avant de partir pour que Snoopy les redécouvre après votre départ.
Lui proposer un environnement stimulant lui permettra aussi de s’occuper un moment plus ou moins long selon ce que vous aurez mis en place et ses compétences à déjouer vos pièges ! parsemez la maison ou le jardin de gâteries, cachez-les dans des endroits faciles et dans des lieux plus compliqués, organiser la piste d’une odeur à suivre qui l’amènera vers une délicieuse friandise à mastiquer longuement.
Vous pouvez également attiser sa curiosité avec des bouts de tissus imprégnés de nouvelles odeurs, lui offrir une petite dépense physique en accrochant un kong ou un jouet en hauteur…
Pourquoi ne pas programmer aussi votre télévision et/ou radio de façon à ce que l’appareil émette de temps en temps ?
Vous connaissez votre chien et ses préférences. S’il aime être dans un lieu fermé, vous pouvez lui mettre à disposition des petites cabanes où il pourra se réfugier (un drap au-dessus d’une chaise avec un bon coussin dessous peut faire l’affaire !) ; s’il a tendance à tourner en rond et à vous chercher, restreignez l’espace dans lequel il passera sa journée ;
Le besoin d’activité
Compenser son inactivité
Le chien a besoin de dépenses physiques, mentales et émotionnelles. La solitude ne répond pas à ces besoins.
Joël Dehasse, vétérinaire comportementaliste réputé, a modélisé le besoin d’activité du chien (« Mon chien est heureux »), en listant les activités nécessaire à tout représentant de l’espèce canine.
Pour le chien domestique moderne, ces activités sont réparties en 6 groupes :
- L’activité alimentaire
- L’activité locomotrice
- L’activité vocale
- L’activité masticatoire
- L’activité de jeu
- L’activité intellectuelle
Le chien doit avoir accès à chacune de ces activités en fonction de ses propres besoins journaliers. S’il a un temps d’activité globale inférieur à la moyenne un jour donné, il lui en faudra plus le lendemain et inversement.
Il est donc nécessaire d’observer son chien afin de définir son besoin d’activité générale et de répartir vos réponses à ces besoins au long de la journée.
Prêtez attention à votre animal pendant quelques jours consécutifs (sur un long week-end ou une période de vacances par exemple) et notez le temps qu’il passe à ne rien faire / à jouer ou mastiquer seul / à vous solliciter pour obtenir quelque chose / à manger / à se promener avec vous / à faire fonctionner ses sens / etc.
Vous aurez une idée du besoin global d’activités de votre chien.
Vous pourrez comparer avec ce qui lui est proposé les jours où il reste seul à la maison.
Si votre chien a globalement besoin de 5h d’activités journalières et que:
- vous le sortez 10’ le matin avant de partir
- Il reste ensuite tout seul entre 8 et 10h
- A votre retour, vous n’avez pas vraiment le temps de vous occuper de lui (voire qu’il vous agace à être dans vos jambes)
- Le soir, vous le ressortez 10 à 15’ avant de vous installer pour la soirée et la nuit…
Vous courez de grands risques de voir votre animal accumuler de la frustration et un mal-être qui finira par donner lieu à des comportements indésirables ou à des problèmes de santé.
Si pour ce même chien:
- vous vous levez une heure plus tôt et l’emmenez se dépenser dans la nature ou dans un parc
- Vous rentrez le midi et passez un grand moment avec lui (jeux, câlins, apprentissages…)
- Le soir vous lui accordez encore 1h de balade et d’attentions.
Alors, votre chien ne devrait pas souffrir de la solitude.
Les moments passés à se défouler doivent être de qualité. 1h de promenade au bout de sa laisse pour aller où vous le souhaitez ne lui apportera pas la même compensation qu’1h de liberté dans un parc ou dans la nature avec l’opportunité de rencontrer des congénères, flairer à sa guise, s’arrêter quand il veut. C’est son moment à lui, il faut le respecter.
En ce qui concerne l’activité intellectuelle, le Dr Dehasse estime qu’elle occasionne une dépense d’énergie 10 fois plus importante que l’activité locomotrice. Donc si vous offrez à votre animal 6 minutes de réflexion, l’équivalence énergétique serait d’1h de balade.
Lui offrir des moments de réflexion est donc très bénéfique. Pour votre animal mais aussi pour votre relation. Le choix est vaste pour ne pas vous lasser :
- Lui apprendre de nouveaux tours ou l’éduquer à certains ordres (toujours avec bienveillance)
- Le faire jouer à des jeux d’habileté achetés ou fabriqués : Internet regorge d’idées, il suffit de piocher
- Les jeux faisant intervenir la notion de « permanence de l’objet » sont intéressant pour le chien amené à rester souvent seul. Il est plus que conseillé avec un chiot notamment pendant la période d’intégration à son nouveau lieu de vie : faire partiellement disparaître un objet devant le chien en lui demandant de le chercher. Peu à peu, le faire disparaître complètement puis le cacher
- Jouer à cache-cache avec lui
- Lui apprendre la discrimination d’objets
- Faire des séances « bagarres » ou câlins selon les préférences du chien
- Etc.
Mais attention : il ne faut pas supprimer les sorties pour les remplacer par des exercices cognitifs ! Le besoin de sortir, de bouger, de sentir… est indispensable au bien-être physique et mental du chien.
On ne le répètera jamais assez : le chien a besoin de pratiquer diverses activités pour se sentir bien dans ses poils.
Enfin, certaines molécules peuvent aider votre chien à mieux supporter la solitude grâce à l’apaisement qu’elles procurent. Il existe des diffuseurs de phéromones dont l’efficacité est controversée mais qui peuvent être essayés. Les huiles essentielles peuvent être bénéfiques en restant prudent sur leur utilisation.
L’huile de cannabidiol (CBD) ainsi que certains compléments alimentaires comme le Zylkène ou le Rescue pets (fleur de Bach) ont des effets relaxants tout en restant naturels et peuvent concourir à détendre votre animal.
Gérer vos temps d’absence
Nous n’avons pas toujours le choix de la durée de nos absences. Cependant, il faudrait toujours éviter de dépasser 8h consécutives. Considérez que 8h de solitude rajoutées aux heures de nuit laissent peu de temps à votre animal pour combler ses besoins.
Dans l’idéal, il faudrait que le chien puisse avoir un contact au bout de 3-4 heures de solitude.
Si vous avez la chance de résider ou d’avoir sur votre trajet une garderie pour chien, n’hésitez pas à vous renseigner. Votre animal pourrait bénéficier de contacts humains et congénères, de balades, de jeux… Et vous, vous aurez l’esprit apaisé.
Si cela est possible, il est judicieux de couper la journée en rentrant le midi par exemple. Ou en sollicitant quelqu’un qui peut venir passer 1h avec le chien : ami, famille, voisin, pet-sitter…
Le site « Emprunte mon toutou » est très intéressant si vous vous trouvez dans une zone desservie par les transports en commun : il met en relation propriétaires de chiens (hors chiens catégorisés) et personnes qui n’en ont pas mais qui souhaitent pouvoir s’occuper gratuitement des chiens des autres. Il ne vous sera demandé qu’une cotisation annuelle d’une trentaine d’euros.
Il est aussi pertinent de se poser la question des petites absences. Si après une journée de travail à l’extérieur, vous devez ressortir faire quelques courses, votre chien sera sans doute heureux de vous y accompagner. Même s’il doit stationner un peu dans la voiture quand vous êtes dans le magasin. Aller chercher les enfants à l’école ou les emmener à leurs activités extra-scolaires avec le chien peut être aussi envisageable ?
En revanche, évitez de parler à votre animal par caméra interposée. Bien sûr vous pouvez l’observer si vous le souhaitez. Mais s’adresser à lui risque de le stresser : il vous entend (avec une voix toujours un peu déformée) mais vous n’êtes pas présent. Pas sûr du tout qu’il apprécie !
Laisser son chien seul est fréquemment source de stress pour les propriétaires soucieux du bien-être de leur animal. J’espère que cet article vous aura donné quelques clés pour mieux gérer ces situations.
En résumé…
La durée pendant laquelle votre chien est seul est certes importante mais ce qui l’est davantage est que ses besoins fondamentaux soient satisfaits.
Ces besoins sont connus et répertoriés.
Pendant sa solitude, votre animal passe beaucoup de temps à dormir et à utiliser ce que vous lui avez laissé pour l’occuper. Une fois ces ressources épuisées, il peut connaître l’ennui. C’est à ce moment que des comportements indésirables peuvent se produire, essentiellement sous forme de destructions, d’aboiements ou de malpropreté.
Il est donc nécessaire de trouver des moments dans la journée où le chien aura accès à des activités correspondantes à ces nécessités. La qualité devra primer la quantité.
Le punir ou le gronder est complètement contre-productif. Mieux vaut alors entamer un travail de ré-habituation à la solitude.
Un certain nombre de choses peuvent être mises en place pour aider votre chien à bien gérer la solitude. De votre côté, vous avez peut-être des ressources à explorer pour raccourcir la durée pendant laquelle votre chien est seul.