Si vous lisez cet article, c’est qu’en principe vous êtes acquis à l’idée que l’éducation du chien est importante. Ou le dressage si vous préférez ce terme.
[Dressage de chiens : voilà une expression qui peut piquer tant ce terme de dressage est associé à des méthodes coercitives voire brutales.
Pourtant, la définition donnée par le Petit Larousse concernant le verbe dresser est : « rendre docile un animal, l’habituer à des comportements qu’on exige de lui ». Le sens premier de ce terme n’implique donc pas forcément de pratiques pénibles pour le chien. Ce sont les humains qui décident de la forme qu’ils choisissent pour leur dressage et malheureusement les méthodes contraignantes ont longtemps été à l’honneur.
A l’inverse, les puristes de la langue vous diront que le terme « éducation » ne doit s’appliquer qu’aux humains. Toujours selon le même dictionnaire, ce mot signifie en effet « conduite de la formation de l’enfant ou de l’adulte ».
N’ayant pas l’intention de rédiger un article de sémantique, je n’irai pas plus loin dans l’analyse des mots. Pour ma part je préfère utiliser le terme éducation que dressage mais uniquement à cause des casseroles que se traîne ce dernier mot.
L’importance de l’éducation du chien
Pourquoi éduquer son chien ?
Surtout pas pour s’imposer comme maître absolu.
Pas pour lui faire comprendre qui commande ici non mais !
Pas pour avoir un animal privé de toute possibilité d’initiative qui marche collé au pied et qui doit baver 10 minutes devant sa nourriture sans bouger avant d’avoir le droit d’y toucher…
Non, non, non. Ces pratiques ne sont pas éducatives. Elles font du chien un esclave soumis à la volonté suprême de son Dieu et Maître.
Ce n’est pas ce que nous voulons n’est-ce-pas ?
Bien sûr, il y a des cas où le chien doit apprendre à se comporter comme l’ombre de son propriétaire plusieurs heures par jour. Ainsi des chiens d’aveugles ou d’handicapés. Les chiens policiers, de recherche ou encore de garde doivent recevoir une éducation spécifique à leur activité.
Mais nous parlons ici du chien de famille qui n’a pas de rôle précis si ce n’est celui de membre du foyer, compagnon de tous les jours.
Ce n’est pas parce que Snoopy n’a pas de missions à remplir qu’il doit être laissé entièrement libre de faire ce qu’il veut.
Car en fait, sa mission principale est de vivre sa condition de chien dans un monde d’humains.
Et croyez-moi, c’est du boulot à temps plein !
Nous demandons à nos compagnons canins d’intégrer les codes d’un univers qui n’est pas le leur, de savoir se comporter différemment selon les circonstances dictées par la société humaine.
Nous souhaitons qu’ils marchent correctement au bout d’une laisse, qu’ils vivent dans des espaces réduits sans chercher à s’évader et qu’ils n’aboient pas quand ils sont en appartement.
Nous leur demandons de rester seuls sans faire de bêtises parfois de longues heures voire des journées entières.
Nous exigeons d’eux qu’ils ne se rebiffent pas même si à l’occasion des balades, des petites mains enfantines cherchent à les papouiller dans tous les sens, etc.
Et en même temps, nous voulons que notre chien soit heureux et épanoui.
Si on n’en passe pas par l’éducation du chien, ces souhaits sont contradictoires.
Si nous laissons notre animal sans éducation, il va mordre les petites mains qui se tendent vers lui s’il n’est pas disposé et qu’il ne peut pas fuir ; il va tirer comme un forcené sur sa laisse ; il va hurler à la solitude ; il va galoper sur la route comme il le ferait en pleine forêt, etc.
Bref, il va se comporter…en chien qu’il est !
Si l’éducation mise en place n’est pas adaptée, le chien ne sera pas heureux. La brutalité le rendra craintif et peut-être même agressif ; un cadre trop rigide lui fera perdre toute initiative ; un manque de cohérence dans les demandes le laisseront dans une permanente anxiété.
Un rapport de l’ANSES de 2020 concernant l’analyse de la pertinence des chiens de catégorie souligne la nécessité d’une éducation pour prévenir les comportements dangereux.
Laisser au chien la possibilité de conserver au maximum son naturel tout en ayant un compagnon agréable à vivre est donc le défi que doit relever toute personne souhaitant vivre en bonne intelligence avec son compagnon canin.
L’éducation que vous apportez à votre compagnon est également la meilleure mesure de prévention que vous pouvez mettre en place pour lui éviter, ainsi qu’à vous-même des déboires pouvant se révéler déplaisants ou dangereux.
Quand doit-on commencer l’éducation de son chien ?
Le plus tôt possible.
L’éducation du chiot
Pour un chiot, il faut s’y atteler dès que la période d’adaptation au foyer est derrière vous.
Bébé chien a de formidables aptitudes naturelles : il va vous suivre partout, il est réceptif à vos demandes, un petit jouet ou une séance de gratouilles sont les meilleures des récompenses. Tous les ingrédients sont là pour démarrer une éducation de base.
Attention toutefois à ne pas trop lui en demander et à adapter vos demandes à ses capacités physiques et cognitives. A 2 mois, le chiot est encore en plein développement et vouloir aller trop vite peut compromettre sa santé physique et mentale.
Les écoles de chiots peuvent être intéressantes : votre nouveau petit ami pourra intégrer les 1ers codes humains sans perdre le contact avec ceux de son espèce. Excellente pour la socialisation, une bonne école de chiot donnera les fondations nécessaires aux apprentissages de base. Il vous appartiendra de répéter de petits exercices en dehors des cours pour ancrer ces apprentissages dans les habitudes de votre chiot.
Attention cependant à bien choisir le cours dans lequel vous inscrivez votre loulou. On en trouve qui malheureusement mélangent les âges et les gabarits sans discernement avec le risque d’en faire une expérience désastreuse pour certains chiots.
Les séances individuelles sont une très bonne solution pour commencer l’éducation de base. Elles permettent de passer du temps pour bien expliquer les différentes étapes à envisager et mettre en place le B-A-BA du vivre ensemble : la propreté, les repas, le repos…
L’éducation du chien adulte
Précision importante : nous parlons ici d’éducation c’est-à-dire du fait d’apprendre au chien quelque chose de nouveau dans une situation nouvelle pour lui.
Si vous souhaitez modifier ou supprimer un comportement que votre chien produit dans une situation donnée, vous entamez alors un processus de rééducation qui va consister à désapprendre à votre animal un ancien comportement pour en adopter un nouveau.
La démarche est différente et est traitée dans un article consacré à la rééducation canine.
Si le chiot est le sujet idéal pour commencer, l’éducation canine s’adresse à tous les chiens, quel que soit leur âge.
Bien sûr, plus le chien est âgé, plus l’apprentissage risque d’être long. On voit cependant des chiens comprendre immédiatement ce que l’on attend d’eux et inscrire rapidement le comportement demandé dans leurs habitudes.
Prenons notre ami Snoopy comme exemple : Snoopy a 4 ans, il vit dans une maison et dispose d’un grand jardin. Quand il part en balade, c’est toujours en pleine nature. Sa propriétaire le fait monter dans la voiture qui est garée dans le jardin et le libère une fois dans les champs, loin de la route.
Snoopy est très sociable et il n’y a jamais de problèmes lorsqu’il croise des congénères ou des humains. Sa propriétaire a quand même une laisse avec elle, au cas où mais n’a jamais besoin de s’en servir.
Mais voilà que la famille doit déménager et partir habiter…en ville.
Gros changement de vie en perspective pour Snoopy qui va devoir s’adapter et apprendre plein de nouvelles choses pas très agréables pour lui :
– Vivre en appartement
– Ne sortir qu’à certaines heures
– Marcher en laisse dans un environnement urbain
– Etc.
Alors oui, à 4 ans, il va falloir faire l’éducation de Snoopy. Mais son âge a aussi des avantages :
- Il connaît sa propriétaire et a confiance en elle
- De son côté, la propriétaire connaît aussi son chien, ses réactions, ce qui le motive le plus. Tout cela sera d’une grande aide pour l’accompagner au mieux dans son nouvel apprentissage
- Les côtés fougueux du chiot ou « rebelle » de l’adolescence sont dépassés. Le chien est plus mature.
Même un très vieux chien peut encore apprendre. Si votre toutou est maintenant trop vieux et trop fatigué pour prendre plaisir à des promenades ou à des jeux dynamiques, vous pouvez lui apprendre des petits tours ou le confronter à de la résolution de petits problèmes.
Cette éducation qui se veut aussi préventive permettra de différer ou d’éviter la dégradation de sa cognition, maintiendra votre relation et lui conservera son plaisir de vivre.
Comment faire l’éducation du chien ?
Eduquer un chien n’est pas particulièrement difficile mais certaines règles sont à respecter.
En effet, les neuro-sciences dans le domaine canin ont fait de nombreux progrès et il est apparu que ce qui est valable pour l’humain l’est également pour beaucoup d’autres espèces dont le chien.
Les lois de l’éducation canine sont maintenant connues et applicables par tous.
Elles reposent sur la motivation du chien et la répétition des situations.
Le plus important (et c’est souvent très difficile) est d’être toujours parfaitement cohérent. Par exemple, le chien n’a pas la notion « d’exception à la règle ». Ce qui est interdit l’est toujours; ce qui est autorisé également.
Si vous ne voulez pas que votre chien saute sur les gens, il ne faut pas le laisser faire sur vous ni vous dire que de temps en temps ce n’est pas grave… Mais vous pouvez lui apprendre à sauter sur autorisation expresse !
Si vous ne vous sentez pas sûr.e de vous en matière d’éducation canine, faites appel à un professionnel en veillant à ce que ce dernier utilise des méthodes bienveillantes et respectueuses du chien.