Pourquoi mon chien poursuit et que faire ?

Education canine

Quand le chien poursuit, il produit un comportement instinctif donc naturel car le canidé est une espèce qui utilise la chasse pour se nourrir et survivre.

Connu sous le terme de prédation, cet instinct reste présent même chez les chiens de famille nourris par l’humain.

N’ayant plus besoin de chasser pour survivre, certains chiens vont quand même continuer à poursuivre les choses en mouvement afin de combler ce besoin naturel. C’est ainsi que de nombreux propriétaires déplorent :

  • mon chien court après tout ce qui bouge
  • mon chien court sur les gens
  • mon chien court après les voitures
  • Etc.

En effet, si certains individus vont courir après tous les mouvements, d’autres vont choisir des cibles précises : les joggeurs, les vélos, les voitures, les enfants, les petits animaux…

Ce comportement pourra s’exprimer de façon plus ou moins marquée en fonction de la race, de l’environnement et de l’éducation reçue

Dans tous les cas, c’est leur génétique qui prend le dessus.

Mais pas seulement…

L’action ou l’inaction humaine jouent également un rôle dans les comportements de prédation canine

Une prédation souhaitée et travaillée par l’homme

Dès sa domestication, la génétique du chien a été utilisée par l’humain à des fins pratiques.

Les phases de la prédation ont donc été travaillées en fonction des objectifs poursuivis.

Ces phases de prédation sont :

  • Le repérage de la proie
  • La fixation de la proie
  • La poursuite
  • La morsure de capture
  • La morsure mortelle (avec secouage)
  • La mise en pièces
  • L’ingestion et la digestion

Selon le but recherché, le chien a été éduqué de façon à ne produire que certaines séquences de la prédation.

Ainsi, le chien de rassemblement et de conduite de troupeau tel le Border Collie va être travaillé sur les 3 premières phases mais ne devra jamais aller jusqu’à la morsure.

Le Bouvier, utilisé pour la garde des troupeaux de bovins pourra aller jusqu’à la morsure de « capture » mais ne tuera pas un membre de son troupeau

Le Patou, chien de garde des troupeaux isolés pourra lui, aller jusqu’à tuer tout être qu’il juge être une menace pour le cheptel qu’il protège

Les chiens de berger (Berger allemand, Malinois…) utilisés pour la garde de bâtiments ou les interventions policières par exemple utilisent également leurs instincts de chasse pour produire les comportements de défense qui leur sont demandés

Quant aux molosses, même s’ils ne sont pas sélectionnés pour la poursuite, on leur demande fréquemment de monter la garde,  ce qui les rend susceptibles d’être réactifs aux mouvements.

Force est donc de constater qu’à un instinct qui a toujours été présent s’est ajouté des centaines d’années de sélection et de travail pour exacerber les comportements liés à cet instinct.

Pourtant, à mesure de l’intégration des chiens d’agrément dans les foyers, ces comportements ont non seulement perdu leur utilité mais sont même devenus inadaptés.

La poursuite procure du bien-être au chien

Tout comportement qui répond à un besoin naturel apporte du bien-être à celui qui le produit.

Lorsque nous avons faim, nous nous sentons mieux après nous être nourri.

Après des heures derrière un ordinateur, nous éprouvons du plaisir à faire quelques pas dehors

Etc.

De même, lorsque le chien poursuit, il éprouve du plaisir à cela : il sécrète de la dopamine ce qui lui donne une motivation à reproduire ce comportement encore et encore.

On parle d’auto-renforcement car la poursuite n’a plus de but extérieur (attraper pour manger par exemple) mais n’a de but que le plaisir généré par elle-même.

En d’autres termes, le chien reproduit le schéma de prédation pour le simple bien-être que lui procure intérieurement la séquence.

On retrouve là le processus de motivation intrinsèque décrit par Lorenz dans son modèle hydromécanique 

« …la motivation peut être si forte que l’animal accomplira même sans but, ou encore sur des objets de substitution, le comportement pour lequel il est motivé »

Donc si votre chien poursuit tout ce qui bouge, il y a de fortes probabilités pour qu’il applique là, la théorie énoncée ci-dessus.

La poursuite comme activité de compensation

La vie du chien de famille est souvent pauvre en variété : les routines sont établies, les lieux de promenade définis, les interdictions (notamment de poursuivre) posées.

Il arrive fréquemment que le besoin d’énergie intrinsèque du chien ne soit pas complètement satisfait par ce mode de vie.

En effet, et même si des activités dynamiques telles que le cross ou l’agility sont proposées,  beaucoup de chiens s’ennuient de longues heures pendant la journée de travail de leurs propriétaires.

L’exemple du chien qui suit les passants en aboyant au portail est typique de l’animal qui passe le temps. En général, il débute ce comportement pour alerter et/ou défendre. Il est renforcé par le fait que le piéton passe sa route (il pense que c’est grâce à lui) puis vient le moment où le simple fait de se jeter sur le grillage en aboyant devient un soulagement et un plaisir. Le comportement s’ancre durablement et il y a de fortes chances pour que le plaisir de poursuivre continue de s’exercer hors de sa propriété.

Le chien qui fait de la prédation est un danger

Lorsque le chien poursuit, les dangers sont aussi nombreux que variés :

  • Il risque de se faire renverser par un véhicule
  • Il peut provoquer un accident de la voie publique
  • Il peut se perdre
  • Il peut tuer un autre animal
  • Il peut se faire agresser par un congénère hostile
  • Etc.

Mais ce comportement est également source de stress pour l’humain propriétaire de l’animal. Un chien qui poursuit est imprévisible et a tendance à se jeter brutalement au bout de sa laisse.

Les conflits entre humains peuvent venir aggraver encore les choses lorsqu’un chien commence à en poursuivre un autre contre la volonté de son maître.

Malheureusement, il arrive que ces chiens « prédateurs » ne soient plus sortis surtout quand ils disposent d’un jardin. Ne sachant plus comment les gérer, les propriétaires préfèrent s’épargner les difficultés de balades trop stressantes.

La prévention

Comme toujours, la prévention reste le meilleur moyen pour contrer la prédation.

Lors des premières semaines de vie du chiot, il s’imprègne de son environnement et des comportements qu’il adopte.

Ainsi, le chiot qui s’habitue à poursuivre et en tire du plaisir commence son apprentissage de petit pourchasseur qu’il a de fortes chances de réitérer par la suite.

Dans ce cadre la race et l’élevage comptent pour beaucoup :

  • Les races bergère ont un fort instinct de prédation : celui-ci va presque sûrement se déclencher pour la 1ère fois pendant cette période d’imprégnation qui va de 3 semaines à environ 4 mois.
  • Et c’est là que le travail de l’éleveur est crucial : il ne doit pas encourager le chiot à courir derrière des objets en mouvement (lancé de balle, jeu de tir sur une corde, enfants qui courent…). Il doit également canaliser les jeux entre chiots et dans la mesure du possible, permettre à des chiens adultes de réguler ces jeux.  Ainsi, même quand la phase prédatrice débutera, l’animal n’aura pas l’occasion de la pratiquer. A la fin de la période de socialisation, le chien ne sera pas enclin à poursuivre tout ce qui bouge.

Bien sûr, les acquéreurs du chiot devront poursuivre ce travail jusqu’à la fin de cette période de socialisation.

En matière de prévention, une attention particulière est à porter à la lignée dont est issu le chiot. Si les parents ou les aïeux sont d’une lignée de travail (garde, chasse, défense…), les gènes de la portée seront extrêmement développés pour remplir la mission dévolue à leur lignée.

Dans la recherche d’un chien de compagnie, mieux vaut s’abstenir de porter son choix sur un animal de ce type de lignée.

Mon chien poursuit : comment agir ?

Qu’il s’agisse de l’accueil d’un chien adulte, d’une négligence de l’élevage ou d’erreur des propriétaires, il arrive que l’on soit en présence d’un chien qui court sur les mouvements.

Un tel va poursuivre tout ce qui bouge ; un autre va s’attaquer aux joggeurs, encore un autre va courser les voitures… Le choix est vaste et le problème toujours désagréable pour les maîtres.

La remise en question préalable

Avant même de réfléchir aux moyens d’agir, il est important que l’humain analyse la situation et évite (ou cesse de pratiquer) les erreurs les plus courantes :

Le « laisser faire » : par lassitude ou impuissance, beaucoup de propriétaires finissent par lâcher la laisse au bout de laquelle le chien tire comme un forcené, lui laissant libre cours à son plaisir de poursuivre. D’autres vont considérer que le chien peut bien courir sur les passants tant qu’il est dans le jardin mais ne souhaitent bien sûr pas que ce même scénario se produise dans la rue. Etc.

Mais comme on l’a vu précédemment, à chaque fois que le chien a l’occasion de poursuivre, il s’auto-renforce ce qui ancre encore un peu plus son comportement.

Un chien qu’on laisse poursuivre de temps en temps ne changera pas.

L’insuffisante satisfaction des besoins : il est essentiel de s’interroger sur la nature des besoins du chien. Chaque animal a des besoins de dépenses énergétiques dont le niveau varie d’un individu à l’autre. Si votre chien déborde de dynamisme et qu’il n’a que quelques courtes promenades en laisse chaque jour, il risque d’être surexcité ce qui peut (entre autres) se traduire par des envies de courir derrière tous stimulus à sa portée.

Un chien à qui l’on permet de dépenser son énergie physique et mentale est normalement plus calme sauf s’il existe un autre problème par ailleurs (anxiété, agressivité…)

Lui offrir trop d’activité : cela peut sembler une solution. Afin que le chien se calme, on tente de le fatiguer. A lui les séances d’agility, de cani-VTT ou canicross, les sorties en libre avec toute une bande de copains chiens surexcités, etc.

Malheureusement la seule chose que le chien gagne c’est de l’endurance ! Il lui en faudra alors toujours plus pour parvenir à se vider de son énergie. Tellement plus qu’à ce moment-là, c’est l’humain qui ne pourra plus suivre et qui se retrouvera avec un chien dont le niveau énergétique aura été multiplié…

De plus, les jeux de course-poursuite entre chiens ne sont pas à conseiller. Encore moins pour ceux qui ont tendance à poursuivre le mouvement. Là encore, on tombe dans le renforcement de comportements indésirables et donc dans l’augmentation de ces comportements.

Le travail à mener pour contrer la prédation

Il faut garder à l’esprit que la poursuite est dans sa génétique et que si le chien poursuit c’est parce qu’au moment où le déclencheur s’est allumé lors de ses premières semaines de vie, il lui a été permis de se livrer à cette activité.

On ne pourra pas faire disparaître cet instinct.

Cependant, on peut travailler avec son animal pour le canaliser et l’empêcher de reproduire des comportements inadaptés.

Dans un premier temps, il ne faut plus mettre le chien dans des situations qui rendent possible la poursuite.  Si on reprend l’exemple du chien qui aboie et courre sur les passants depuis son jardin, il sera nécessaire de trouver des aménagements pour qu’il n’ait plus accès à cette partie du terrain ou qu’il n’ait plus de visibilité ou encore qu’il n’y soit plus seul etc.

On stoppera également tous les jeux favorisant la poursuite : excitation avec des congénères, jeux de balle ou de frisbee, lâché sur des oiseaux etc.

Parallèlement, on apprendra au chien à produire de nouveaux comportements qui, à terme, viendront se substituer à ceux existants.

Il faut donc savoir ce que l’on désire qu’il fasse à la place (s’assoir, nous interroger du regard, renifler, tourner sur lui-même, passer de façon indifférente, revenir au pied…).

Ensuite, il est nécessaire de lui apprendre ces nouveaux comportements puis le mettre très progressivement en situation

Exemple : mon chien poursuit les vélos et je veux que lorsqu’il en voit un il choisisse de flairer le sol tout en avançant

  • Je vais lui apprendre la recherche au sol avec un mot-clé
  • Je vais pratiquer le même exercice en avançant
  • Je vais pratiquer cet exercice de nombreuses fois dans des contextes très différents et sans distractions
  • Puis les distractions vont peu à peu augmenter (toujours sans vélo)
  • Quand le chien a parfaitement intégré le fait de chercher au sol lorsqu’il entend le mot-clé, je vais pratiquer l’exercice avec un vélo qui est loin de lui (zone où il ne déclenche pas)
  • Peu à peu, je réduirai la distance entre le vélo et le chien
  • Quand le chien ne réagit plus au vélo qui passe, je continue à lancer au sol mais sans mot
  • L’objectif est que le chien passe en ayant la truffe au sol de lui-même lorsqu’il voit un vélo.

Avec ce travail l’émotion du chien face au vélo sera devenue neutre, il n’aura donc plus de motif de déclenchement

Les exercices à pratiquer seront différents en fonction de la nature du chien, des raisons de son comportement, des possibilités des maîtres, etc.

Le travail avec un chien qui produit une ou plusieurs séquences de prédation relève d’une nouvelle construction émotionnelle qui va permettre à l’animal :

  • De rester calme face aux stimuli déclencheurs
  • De produire un nouveau comportement appris au lieu de se jeter en bout de laisse afin de poursuivre sa cible

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