Mauvais comportements ? 8 raisons à comprendre…

Tout chien est susceptible de présenter des troubles du comportement mais ces problèmes peuvent cacher différentes réalités :

  • Les comportements qui sont un problème pour le propriétaire mais pas pour le chien : le chien produit des comportements naturels à son espèce : il aboie, saute, gratte, explore… Pour les humains ces façons peuvent être indésirables à cause des voisins, de la taille de l’animal, des fleurs dans le jardin, de la route à proximité…
  • Les comportements qui traduisent un mal-être du chien. Ainsi un animal agressif n’a souvent trouvé que ce moyen pour exprimer ses peurs ou son anxiété ; un chien fugueur peut souhaiter fuir un environnement qui ne lui convient pas ; Un aboyeur chronique peut manifester son ennui etc.

Nous comprenons donc que quel que soit le comportement indésirable produit, il convient en tout premier lieu d’en rechercher la cause. En effet, les actions à mener en matière de rééducation seront bien différentes en fonction de l’origine du problème.

Cet article a pour but de recenser les principaux motifs pour lesquels le chien est amené à produire des comportements inadaptés.

Les problèmes de santé

Lorsque le comportement du chien change, la première des questions à se poser concerne son état de santé.

Parfois la maladie ou la douleur de l’animal ne fait aucun doute et une visite chez le vétérinaire apparaît évidente.

Mais il arrive fréquemment qu’une souffrance physique passe inaperçue pendant un certain temps. Ainsi, le chien affligé d’une otite ne donnera pas forcément de signes d’alerte mais pourra se mettre à grogner lorsque son propriétaire voudra le caresser. Il anticipera la douleur à venir tandis que son humain, ne se doutant de rien, ne comprendra pas la réaction de son animal…

La génétique 

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Certaines sélections volontaires sont à l’origine de comportements qui peuvent devenir gênants chez un chien de famille. C’est pour cela que la prévention est un axe fort dans l’anticipation des problèmes comportementaux.

Une réflexion approfondie avant d’accueillir un chien est indispensable en considérant la race ou le type de chien souhaité, son propre mode de vie et ce qu’on est prêt à supporter ou non. Si vous vivez en appartement et que vous choisissez un spitz car c’est un petit chien, vous prenez un risque car c’est un petit chien…qui a des prédispositions à aboyer !

De même, la lignée dont est issu votre chien joue un grand rôle dans ses comportements : si les parents et particulièrement la mère sont stressés, il y a des risques importants que les chiots de la portée le soient aussi.

Enfin, beaucoup de chiens sont victimes des phénomènes de mode. Dès lors qu’une race bénéficie d’un engouement populaire, elle devient la victime désignée d’éleveurs ou de particuliers peu scrupuleux qui vont procéder à des reproductions sans sélection comportementale et/ou en croisant des membres de mêmes parentés. Arrivent alors sur le marché des animaux consanguins avec des problèmes de santé ou encore issus de lignées craintives ou agressives et qui vont reproduire les comportements de leurs géniteurs.

Se renseigner très précisément sur l’origine de l’animal que l’on accueille est indispensable pour éviter l’arrivée d’un chien issu d’un élevage-usine (voir l’article sur la prévention) qui, à coup sûr, aura de graves troubles du développement et donc du comportement.

L’apprentissage par l’expérience

Lorsqu’un comportement a des conséquences positives pour le chien, il va avoir tendance à le reproduire. Dans les lois de l’éducation canine, on appelle cette réaction « loi de l’effet ».

Imaginons que votre chien n’aime pas être brossé. Il se laisse malgré tout toiletter mais un jour vous tirez un peu brutalement sur ses poils. Il tourne vivement la tête vers l’endroit douloureux en grognant. Par réflexe, vous allez retirer immédiatement votre main. Ça y est, votre chien aura appris que ce comportement stoppe le brossage. Et il saura s’en souvenir ! Il pourrait même se mettre à grogner de façon dissuasive dès qu’il vous voit saisir la brosse…

La part de l’expérience dans un trouble du comportement est souvent difficile à cerner. Parce qu’elle peut remonter à un évènement éloigné dans le temps dont le propriétaire n’a pas forcément connaissance et aussi parce que par association, le comportement peut s’étendre à des situations similaires au début puis de plus en plus éloignées dans leur nature.

L’anxiété

Le chien anxieux peut adopter des comportements indésirables vis-à-vis de l’extérieur  comme la fuite ou l’agression mais également à son propre égard avec des activités destinées à s’apaiser.

C’est ainsi que certains chiens se lèchent jusqu’à se blesser, tournent indéfiniment autour de leur queue, grattent compulsivement, halètent ou boivent sans soif. Ces symptômes ne sont pas obligatoirement dus à de l’anxiété mais y sont souvent associés.

L’anxiété se distingue de la peur par son caractère diffus. Le chien ressent une émotion ressemblant à de la peur mais il n’en identifie pas la cause. C’est le contexte qui l’angoisse. Par exemple, si un chien a peur de l’orage, il peut ressentir de l’anxiété dans les heures qui vont précéder car il sera sensible aux modifications environnementales qui annoncent l’arrivée d’un orage (changement de pression atmosphérique, vent, assombrissement…).

Ne sachant pas de quoi il a peur, le chien ne saura pas non plus comment réagir et pourra donc se comporter de façon complètement aléatoire. A un moment, il cherchera à s’enfuir ou à se cacher tandis qu’à un autre il se mettra à faire des allées et venues ou encore pourra se montrer agressif.

Certains chiens vivent dans un état d’anxiété permanente que leur environnement ne permet pas toujours d’expliquer. De même, l’anxiété ne se manifeste pas forcément par des signes extérieurs très visibles. Dans la vidéo ci-dessous, ce sont les yeux du chien qui permettent d’identifier son mal-être et il est très facile de passer à côté de l’information.

Cependant, il est fréquent que cette angoisse soit provoquée par l’attitude des propriétaires qui adoptent un comportement anxiogène pour leur chien. Par exemple, le petit chien que l’humain prend dans ses bras dès qu’un autre chien se présente. Croyant le protéger, il lui passe en réalité un message de danger imminent d’autant plus angoissant que le chien porté ne sait pas de quoi il est censé avoir peur.

Beaucoup d’agressions de chiens sont provoquées par de l’anxiété.

La méconnaissance du monde et du langage canin

Malgré de nombreux points communs, humains et chiens n’ont pas la même approche du monde ni les mêmes modes de communication.

Les deux espèces sont dotées des mêmes sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Les études scientifiques récentes ont même démontré qu’il en existe quatre autres, qualifiés de sens « internes ».

Cependant, nous n’exploitons pas ces compétences de la même façon : alors que le chien va privilégier son odorat qui est extrêmement développé, l’humain va davantage utiliser sa vue qui porte plus loin et plus haut.

Beaucoup de propriétaires déplorent de voir leur chien tirer en laisse lors des promenades. Il peut y avoir différentes raisons à cela mais souvent énormément d’odeurs indétectables pour l’humain forment une explosion de senteurs pour le chien qui veut y avoir accès et fait tout pour cela.

Il y a peu, j’ai été sollicitée par une maman dont le chien s’était mis à grogner sur sa fille de 13 ans. Rien ne semblait expliquer ce changement de comportement et la famille était très inquiète. Après recherches, il est apparu que la jeune fille avait commencé à se parfumer légèrement ce qui avait suffi à déstabiliser le chien qui ne faisait plus le lien entre sa jeune humaine et son odeur !

En ce qui concerne la communication, les sources d’incompréhension entre les deux espèces sont nombreuses : l’humain va s’exprimer et se faire comprendre par des sons, le chien va essentiellement communiquer avec son corps avec des variations souvent très subtiles.

Ainsi, un chien qui remue la queue n’est pas toujours joyeux ! Selon la hauteur à laquelle il la porte, la manière dont il l’agite, les expressions posturales qui l’accompagnent, les messages qu’il veut faire passer sont très différent allant de la joie à la menace en passant par la peur ou l’incertitude.

La vidéo ci-dessous est un exemple type d’attitude humaine inadaptée. La présentatrice et le propriétaire de l’animal caressent le chien encore et encore sans percevoir les signaux de malaise que renvoie le chien. Jusqu’au moment où celui-ci passe à l’attaque…

L’ignorance de l’univers du chien peut conduire à une incompréhension de son animal. Or qui dit incompréhension dit fréquemment réponses inadaptées aux messages du chien avec un risque réel de frustration et donc de comportements indésirables.

L’anthropomorphisme

 Selon Wikipédia, « L’anthropomorphisme est l’attribution de caractéristiques du comportement ou de la morphologie humaine à d’autres entités comme des dieux, des animaux, des objets, (…)»

Dans le sujet qui nous occupe, c’est donc la tendance à projeter sur le chien des réactions et des émotions humaines.

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Nous avons tous cette tendance et elle est normale. A condition de ne pas être excessive.

Donner un petit nom à son chien, oui ; le déguiser en pseudo-humain, non. Lui donner un steak haché parce que c’est son anniversaire, oui ; lui organiser un « goûter » avec ballons, serpentins et gâteau, non…

Il arrive que l’anthropomorphisme soit à l’origine de problèmes de comportement qui auraient facilement pu être évités.

Prenons un exemple : une maman prend son enfant près d’elle sur le canapé pour lui faire un câlin. Le chien s’approche et cherche à s’insérer entre eux. La mère de famille va qualifier son animal de jaloux (émotion négative). Or, voyant la distribution de caresses, le chien a juste envie d’en profiter (émotion positive). Ce n’est pas du tout la même chose !

En poussant un peu le raisonnement, on peut craindre que la maman soupçonnant de la jalousie chez son chien ne se mette à prendre des mesures visant à écarter régulièrement le chien de l’enfant, créant du coup une mauvaise communication entre les deux et donc le risque d’une mauvaise interaction.

Il existe des interdépendances entre un chien et ses humains de référence  Ainsi, un humain qui a peur ou qui est stressé va transmettre ses émotions à son animal. Quand nous sommes tristes ou déprimés, nous avons l’impression que notre chien cherche à nous consoler. En réalité, l’animal perçoit cette émotion négative et cherche plutôt à faire diversion pour sortir de cette situation angoissante pour lui.

L’insatisfaction des besoins 

Nous touchons là à une cause extrêmement fréquente des problèmes de comportements.

Répétons-le encore et toujours : un chien est un chien. Et donc d’une autre espèce que nous.

Bien sûr, les besoins primaires sont communs à toutes les espèces : se nourrir, se reposer, avoir chaud, être à l’abri, être en bonne santé et se sentir en sécurité.

En général, ces besoins-là sont satisfaits.

Au-delà, les nécessités canines peuvent avoir des points communs avec les nôtres mais s’expriment différemment :

  • La communication : nous parlons, crions, rions… le chien grogne, aboie, hurle
  • La sociabilité : nous aimons voir notre famille, nos amis, faire des rencontres… Le chien a besoin de voir d’autres humains, congénères, animaux
  • La dépense physique : même si beaucoup d’humains n’ont pas d’activités physiques particulières, elles sont toujours nécessaires au chien avec plus ou moins d’intensité selon l’individu : courir, flairer, chasser, poursuivre, jouer…
  •  La cognition : comme les humains, les chiens doivent pouvoir réfléchir, utiliser leurs capacités mentales

Malheureusement, de nombreux chiens de famille n’ont pas accès à l’ensemble de ces satisfactions. Les exercices physiques se réduisent parfois à quelques promenades hygiéniques en laisse ; les grognements et aboiements sont réprimés ; faire réfléchir son chien n’est pas toujours une nécessité connue de tous les propriétaires ; etc.

Or, l’impossibilité d’exprimer des comportements naturels entraîne de la frustration. Et si cette frustration n’est pas compensée par une activité apportant les bonnes réponses aux besoins, le chien va mettre en place ses propres stratégies compensatoires en adoptant des comportements qui seront fort indésirables pour ses propriétaires (destructions, aboiements permanents, fugues, morsures…)

Le manque de règles et de constance

Un chien sans cadre n’est pas un chien heureux.

Pour s’épanouir, il a besoin de savoir ce qu’il peut ou ne peut pas faire. C’est rassurant et cela solidifie la relation humain-chien

Un chien livré à lui-même s’éduquera tout seul. Quitte à adopter des comportements qui finiront par devenir gênants.

Par exemple, à chaque fois que l’on sonne à la porte, votre chien aboie furieusement. Vous avez laissé faire mais ça devient pénible et maintenant vous souhaitez qu’il aille à son panier quand quelqu’un se présente. Il va falloir en passer par une rééducation alors qu’il aurait été plus facile de lui apprendre dès le début le bon comportement.

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De même qu’il vous semble évident qu’un chien doit être éduqué pour faire ses besoins à l’extérieur, il doit également l’être pour faciliter votre vie commune et l’aider à s’intégrer harmonieusement dans notre société humaine.

Parfois nous fixons des règles. Mais nous faisons des exceptions…

Ainsi, si votre chien n’a pas le droit de monter sur le canapé mais qu’un soir de déprime, pour une fois, parce que ça vous fera du bien et que ça fera plaisir au chien (croyez-vous) vous le faites monter, vous privez votre animal d’un repère solide. Dorénavant, il espèrera toujours pouvoir grimper sur ce confortable dodo à vos côtés.

Autre exemple : nous connaissons tous des chiens qui quémandent à table, qui sont assis à nos pieds avec un regard suppliant. Il est possible qu’ils aient l’habitude de recevoir régulièrement des « bonus » ainsi mais il peut avoir suffi d’une seule fois pour qu’ils comprennent que la patience peut être payante.

Petites causes mais grands effets…

Plusieurs raisons peuvent se croiser pour expliquer un problème comportemental.

Reprenons l’exemple du chien qui n’a pas le droit de monter sur le canapé mais que l’on a autorisé « pour une fois ». S’il y a pris plaisir, il cherchera probablement à y remonter et à ce moment-là se fera gronder. Cette incohérence va générer de l’anxiété chez l’animal qui ne comprendra plus ce qu’on attend de lui.

Si l’évènement se répète, le canapé peut devenir un objet de litige entre le chien et son propriétaire, le premier cherchant à y grimper et le second à l’interdire. Il est possible que le chien grogne pour manifester son mécontentement.

Si le propriétaire ne connaît pas le langage canin, il va prendre le grognement pour une marque d’agressivité et sera tenté d’y répondre agressivement : il va punir le chien, peut-être lui interdire l’accès au salon… La relation va se dégrader ; le chien va extérioriser sa frustration et son anxiété peut-être sur des objets mais aussi peut-être sur un humain qui passe à côté…

Même si cet exemple peut sembler caricatural il est typique de l’enchaînement de causes pouvant amener un chien à produire des comportements très dérangeants à partir d’un évènement apparemment insignifiant.

Heureusement, la plupart du temps le chien a une bonne capacité de résilience et nos erreurs humaines ne déclenchent pas de conséquences catastrophiques !

Voilà pourquoi la procédure de rééducation d’un chien ne peut pas se limiter à lui apprendre de nouveaux comportements. Il faut tout d’abord comprendre pourquoi l’animal se conduit comme il le fait. C’est la partie la plus difficile car comme nous l’avons vu, les causes peuvent être complexes et emmêlées. De plus, le passé du chien ou ses origines ne sont pas toujours connus, privant ainsi le propriétaire ou le professionnel canin d’informations essentielles qu’il faudra reconstituer à l’aide de différents tests.

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